RDC-M23 : 27 % des recettes ont été affectées dans les dépenses à caractère sécuritaire au premier trimestre de l’année (Nicolas Kazadi)

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Formation des commandos à Kindu

La détérioration de la situation sécuritaire dans l'Est marquée par la poursuite des combats entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda a fait gonfler l'enveloppe des dépenses sécuritaires de la République Démocratique du Congo. Intervenant lors d'un briefing presse co-animé avec son collègue de la communication et médias, le ministre des finances Nicolas Kazadi a indiqué que si auparavant celà ne se faisait pas vraiment sentir, c'est depuis l'exercice budgétaire 2023 que celà a commencé à se faire sentir au niveau du portefeuille du gouvernement.

« À l'époque où 92% de nos ressources propres allaient au fonctionnement des dépenses courantes on ne réservait que 3% à l'investissement au maximum et puis 1% ou à peu près aux dépenses exceptionnelles du type dépense sécuritaire. En 2023, on a 10 % pour les dépenses d’investissements, on a 22 % pour les dépenses exceptionnelles sécuritaires essentiellement. C’est beaucoup, mais c’est parce que la guerre progresse et nous devons nous équiper. Nous avons en face de nous un adversaire qui est équipé, qui est même aider, vous savez qu'il reçoit des aides à gauche à droite. Et nous devons, nous, avec nos moyens propres, faire un effort et nous avons aujourd’hui 22 % de nos ressources qui vont là-bas. C’est aussi en partie à cause de ça que parfois nous avons des difficultés de trésorerie », a expliqué l'argentier national devant la presse. 

La même situation s'est une nouvelle fait sentir au premier trimestre de l'année en cours. À l'en croire, 5% se sont ajoutés ramenant désormais le total à 27%.

« Pour le premier trimestre ici, nous sommes montés à 27 %. Rien que le premier trimestre de 2024, 27 % des recettes sont allées dans les dépenses exceptionnelles à caractère sécuritaire, c'est ça qui nous perturbe un peu parce que ça tendance à augmenter et c'est ça qui nous perturbe mais on a pas d'autres choix, on doit assurer la sécurité du pays, il n'ya pas d'État sans territoires et donc nous avons l'obligation de le faire et le chef de l'État est totalement engagé là dedans », a rassuré Nicolas Kazadi, ministre des Finances.

Cette situation a été déjà abordée lors de la 128e réunion du conseil des ministres. Dans sa note d'information, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi avait évoqué la nécessité d’une Loi de Finances rectificative du Budget 2024 parce que, selon lui, « le contexte d’élaboration du Budget de l'Etat pour l’année 2024 ne cadre plus actuellement avec les derniers développements en cours dans le pays, notamment en matière sécuritaire ».

Face à cette situation, l’argentier national a donc préconisé une série d’orientations et décisions ayant un caractère urgent tant pour les dépenses que les recettes publiques notamment l’élaboration d’un Collectif budgétaire 2024 prenant en compte les évolutions des paramètres économiques contextuels. « Le Gouvernement tient à contenir le niveau de ses dépenses et à accélérer ses réformes en cours. Car, le succès de Programme économique du Gouvernement soutenu par la Facilité Elargie de Crédit en dépend », avait soutenu Nicolas Kazadi

En clair, le Gouvernement réalise qu’il ne peut pas atteindre les assignations budgétaires de 16 milliards USD visées par le Budget 2024 avec la détérioration des certains paramètres macroéconomiques. Dans le lot de ces paramètres qui sont en déphasage avec le contexte actuel, il y a notamment la dépréciation du Franc congolais, la monnaie nationale. Présentement alors que nous sommes encore au premier trimestre 2024, sur le marché de change, il faut plus de 2700 francs congolais pour 1 dollar américain alors que le taux budgétaire moyen pour le Budget 2024 prévoyait 2518 FC contre un dollar américain.

Clément MUAMBA