RDC: "Nous ne voyons aucun indice que les gouvernants d'aujourd'hui songent au bien-être des gouvernés" (Évêques catholiques du Kivu)

Les évêques catholiques de l'assemblée épiscopale provinciale de Bukavu lors d'une célébration eucharistique à Butembo
Les évêques catholiques de l'assemblée épiscopale provinciale de Bukavu lors d'une célébration eucharistique à Butembo

Ils se sont donnés rendez-vous du 8 au 14 avril à Butembo (Nord-Kivu) pour évaluer la situation sociopolitique et pastorale du pays. En une semaine, archevêque et évêques de l'assemblée épiscopale provinciale de Bukavu (composée des diocèses de Bukavu, Butembo-Beni, Goma, Kasongo, Kindu et Uvira) ont noté des inquiétudes. Dans communiqué rendu public dimanche 14 avril, ces prélats catholiques déplorent "une insécurité devenue endémique avec son cortège des tueries même en pleine journée, de l'encerclement de la ville de Goma par le M23 soutenu par le Rwanda ainsi que la paralysie de l'économie par une stratégie d'isolement et d'asphyxie des grandes et petites agglomérations". 

Pour la région de Beni, ils regrettent la fermeture partielle ou totale  de certaines paroisses suite à l'insécurité causée par les islamistes ADF. Ils déplorent également la naissance des contrebandes de voleurs des Cacao en cette période où le prix de l'or gris est en hausse à la bourse de Londres. Pour la région de Goma, les prélats catholiques dénoncent l'abandon par l'armée congolaise de ses positions ainsi que de sa logistique aux rebelles. 

"Tout ceci arrive parce que l'Etat congolais est mort, et que nous, les gouvernés, sommes abandonnés à notre triste sort, et que nous ne voyons aucun indice que les gouvernants d'aujourd'hui songent au bien être des gouvernés dans un avenir proche", s'inquiètent messeigneurs Melchisédech Sikuli (Butembo-Beni), Willy Ngumbi (Goma), Placide Lubamba (Kasongo), François Abeli (Kindu) et Sébastien-Joseph (Uvira) ainsi que François-Xavier Maroy (Bukavu). 

Pour ces prélats catholiques, le mal congolais fait suite au faible exercice des fonctions régaliennes de l'État, le manque de volonté politique ainsi que la mauvaise répartition des richesses et des revenus au sein du peuple congolais. 

"Malgré la tenue des élections, l'État congolais reste faible et inefficace. Il y a lieu de se demander si ce comportement ne contribue pas au plan de balkanisation, du démembrement de la RDC alors que le peuple s'y est déjà opposé catégoriquement", s'inquiètent-ils. 

Pour relever ces défis, ils demandent au Chef de l'État de mettre en place rapidement un gouvernement composé des personnes compétentes et honnêtes. Aux gouvernants, de "cesser de gérer le pays comme leur patrimoine privé et de ne plus considérer la résilience de notre peuple comme une faiblesse mais comme un refus de subir une mort injuste et programmée". 

Pour ce qui est de la communauté internationale, les prélats catholiques dénoncent sa politique de "deux poids deux mesures" dans la gestion des dossiers politiques congolais. Ils appellent la communauté internationale à "comprendre une fois pour toutes que la RDC n'est ni à vendre ni à exploiter anarchiquement comme l'a dit, d'après eux, le Pape François en demandant aux multinationales de retirer leurs mais de la République Démocratique du Congo".

Claude Sengenya