RDC: "Nous appelons à la fin de guerre et nous sollicitons l'implication du Conseil de sécurité de l'ONU pour transformer les minerais de sang en minerais de vie et de bonheur pour le monde" (Pétronille Vaweka)

les déplacés dans une école à Nyiragongo.
Des déplacés dans une école dans le territoire de Nyiragongo

Pétronille Vaweka, coordinatrice des Femmes Engagées pour la Paix en Afrique a pris part au briefing du Conseil de sécurité de l'ONU consacré à la situation sécuritaire dans la région des Grands Lacs. Dans son intervention, la lauréate du prix américain pour la paix, Women Building Peace 2023 est revenue sur les violences et de déplacements massifs combinés au manque de protection des populations civiles en particulier des femmes dont les corps étaient devenus "des objets de souffrances indescriptibles, ciblées par des mutilations, viols et autres formes de violence inimaginables, souvent perpétrés devant leurs familles" à la base de l'insécurité chronique dans l'Est de la RDC.

Selon l’ancienne cheffe de la commission de pacification de l’Ituri (CPI), cette situation est à la base du déplacement massif de près de 7 millions de personnes à l'intérieur de son pays la République Démocratique du Congo.

"Aucun programme humanitaire ne peut remédier à une telle catastrophe. Près de 30 ans de violences, d'atrocités et des déplacements massifs des populations orchestrés par des groupes armés nationaux et étrangers combinés  à l'absence de protection des populations civiles ont plongé l'Est de la République Démocratique du Congo dans une insécurité chronique. Nos communautés sont prises en proie à des conflits interminables, manipulées et incitées à s'entretuer pour le profit de ceux qui convoitent et pillent nos ressources naturelles. Nos téléphones, nos ordinateurs, nos voitures électriques et autres gadgets technologiques sont directement liés aux souffrances et à la mort des populations des Grands Lacs en particulier celles des provinces de l'Ituri, Nord-Kivu du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo", a fait remarquer mercredi 24 avril dernier Vaweka Pétronille.

Elle sollicite l'intervention de la Communauté Internationale et des Nations-Unies pour mettre fin à l’instabilité dans l’Est du pays. Elle plaide aussi pour la création d’un mécanisme international de surveillance pour garantir la poursuite des processus de paix dans la région des Grands Lacs rappelant l'impératif "de ne pas exporter vers d’autres pays la guerre".

"Nous appelons vraiment à la fin de la guerre et des conflits. Nous sollicitons à cette honorable Assemblée en particulier le Conseil de sécurité l'implication et l'application pour transformer les minerais de sang en minerais de vie et de bonheur pour le monde. Les pays des Grands Lacs d'Afrique et la République Démocratique du Congo à travers un commerce équitable ou toutes les parties en sortent gagnantes. Nous sollicitons aussi la mise en place d'un mécanisme de suivi international pour garantir le respect des engagements et la continuation des processus de paix dans la région des grands lacs d'Afrique. Un soutien accru de la Monusco, du bureau de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU dans les grands lacs, de l'union africaine et de la conférence sur la région des Grands-Lacs pour l'engagement et l'implication des femmes dans les processus de paix", a plaidé Pétronille Vaweka. 

À elle d'ajouter : "L'accompagnement de la mise en œuvre du plan d'action régional de la CIRGL pour la résolution 1325, un soutien substantiel en renforcement de nos capacités techniques et économiques pour garantir une paix et une sécurité durable dans les pays des grands lacs. Il est impératif de ne pas exporter la guerre que nous ne voulons pas chez nous vers les autres. Le monde en général et les pays des grands lacs en particulier ont besoin de paix et de sécurité. Malgré les avancées technologiques qui nécessitent l'utilisation des minerais de la République Démocratique du Congo ne doit pas être une raison de décimer la population congolaise et à causer la souffrance des femmes et des enfants".

La partie orientale de la République Démocratique du Congo reste une zone en proie à l'insécurité due à l'activisme des groupes armés depuis plusieurs décennies. Malgré les opérations militaires contre ces groupes armés et la proclamation de l'état de siège, la situation demeure particulièrement préoccupante, surtout avec la résurgence des rebelles du M23 soutenus par Kigali dans la province du Nord-Kivu.

Des initiatives régionales lancées peinent à donner des résultats escomptés sur terrain. En même temps, une bonne partie des territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo est toujours entre les mains des rebelles du M23 soutenus par le régime de Paul Kagame.

Clément MUAMBA

12H00