Christophe Lutundula explique les raisons de la non-reconnaissance jusqu'à présent du génocide congolais

Christophe Lutundula
Christophe Lutundula

L'insécurité croissante dans la partie Est de la République Démocratique du Congo continue de provoquer des milliers de morts et de déplacés. Malgré cela, au niveau international, le génocide congolais peine à être reconnu, alors que celui du Rwanda, qui a fait moins de morts que ceux de l'Est de la RDC, est reconnu internationalement.

Interrogé sur cette situation qui empêche la RDC de convaincre la Communauté internationale comme l'a fait le Rwanda, le VPM, ministre des Affaires Étrangères et de la Francophonie, estime que le contexte n'est pas le même.

"C'est d'abord les contextes qui sont totalement différents. Le contexte qui a conduit à ce qu'on se trouve devant deux tribus qui se tuent, comme cela s'est passé, et ce n'est pas le Rwanda seul qui a porté le discours de génocide sur la place publique internationale, les organisations des droits de l'homme, le système des Nations-Unies et ainsi de suite, donc c'est un contexte tout à fait différent ", a dit Christophe Lutundula lors d'un briefing presse co-animé lundi 26 mars avec son collègue de la Communication et Médias, Patrick Muyaya.

Après le cas du Rwanda, le chef de la diplomatie congolaise informe l'opinion sur le cas de la RDC. À l'en croire, bien que le contexte diffère de celui du Rwanda au regard de la gravité de la situation actuelle, cela nécessite aussi une attention particulière.

"Chez nous, il y a des morts, plus d'un million, mais ce ne sont pas des morts de personnes qui sont tuées comme appartenant à telle tribu, à telle religion ou des personnes dont on décide qu'on va mettre fin à leurs vies parce qu'il y a ces types d'appartenance. Ce sont des Congolais qui meurent, mais il faut rentrer aussi dans la typologie internationale, donc il y a beaucoup de Congolais qui sont morts. Au sens générique du terme génocide, on peut en parler, mais au sens technique, c'est tout à fait différent, mais cela ne reste pas moins grave que ce qui s'est passé au Rwanda", a fait remarquer Christophe Lutundula.

Et d'ajouter :

"C'est ce que nous nous efforçons de dire à tout le monde. Je crois que maintenant le message passe. Il y a des gens qui écrivent des livres, il y a des décisions qui sont prises parce qu'on a parlé des sanctions, il y a des sanctions qui sont prises, ça vient et nous continuons. Le ministre de la communication vous a parlé des actions judiciaires, ma collègue de la Justice en a parlé aussi donc même si en droit il n'est pas aisé de qualifier tous ceux qu'on a tués au Congo de victimes de génocide, la gravité est la même et là, on a réussi aussi à faire passer le message."

La RDC, dans sa partie Est, fait face à l'activisme des groupes armés étrangers et locaux. À l'Est, la situation s'est détériorée davantage depuis la résurgence des rebelles du M23 soutenus par Kigali. Cette situation a causé la mort de plusieurs personnes et des milliers de déplacés.

Depuis l'année 2021, plusieurs pans de la province du Nord-Kivu sont sous le contrôle de ces rebelles. Ils souhaitent un dialogue direct avec Kinshasa, un schéma que rejette l'administration Tshisekedi, voulant dialoguer directement avec Kagame, qu'elle considère comme le parrain du M23.

Clément MUAMBA