Rétablissement de la peine de mort: "nous n'avons pas d'autre choix en face de la traîtrise qui est constatée de manière régulière lorsqu'il faut monter et faire des opérations contre l'ennemi" (Patrick Muyaya)

Patrick Muyaya, ministre de communication et médias
Patrick Muyaya, ministre de communication et médias

À la suite de sa validation en conseil des ministres, le gouvernement de la République Démocratique du Congo a annoncé la reprise des exécutions capitales contre les militaires des Forces Armées accusés de trahison. La décision a été notifiée dans une circulaire signée mercredi 13 mars par la Ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux Rose Mutombo. Selon le document, les "actes de traîtrise ou d'espionnage ont fait payer un lourd tribut tant à la population qu'à la République au regard de l'immensité des préjudices subis".

Le rétablissement des exécutions vise à " débarrasser l'armée de notre pays des traîtres et d'endiguer la recrudescence d'actes de terrorisme et de banditisme urbain entrainant mort d'homme ", écrit encore la ministre de la Justice. Cette décision du gouvernement a provoqué de vives réactions notamment au niveau interne mais aussi au niveau international.

Réagissant à cette vague des réactions de protestation, le ministre de la Communication et Médias Patrick Muyaya indique que cette décision a été prise pour des besoins spécifiques. À l'en croire, l'objectif est de mettre fin à la traîtrise des militaires qui sont de mèche avec l'ennemi en causant la mort et la désolation au sein de la population congolaise.

" Vous savez que ce n'est pas de gaité de cœur que nous avons évidemment sous la direction du Président de la République comme gouvernement lever l'option de lever le moratoire sur la peine de mort. J'ai vu notamment l'Union européenne encore elle réagir à ces propos, nous comprenons leurs réactions mais nous nous sommes dans un contexte précis où nous voulons justement arrêter des morts, des congolais que nous comptons par millions et si pour arrêter le nombre de mort congolais par millions il faut passer par la restauration de la peine de mort pour ceux qui le méritent nous n'avons pas le choix. Nous n'avons pas d'autres choix en face de la traîtrise qui est constatée de manière régulière lorsqu'il faut monter et faire des opérations contre l'ennemi parce que tout à l'heure vous parliez par exemple de corruption et la corruption a toujours des conséquences négatives et lorsque cette corruption permet à des milliers de Congolais d'être en errance nous nous sommes le gouvernement, nous devons nous assumer et je pense que cette décision a été prise pour des besoins spécifiques ", a expliqué Patrick Muyaya, Porte-parole du gouvernement mardi 19 mars 2024.

Très Critique envers l'Union européenne une des dénonciatrices de la peine de mort et de qui a récemment signé un accord avec le Rwanda sur les minerais stratégiques, Patrick Muyaya précise qu'à la lumière de la note circulaire de sa collègue, cette mesure sera belle et bien encadrée et sera documentée avant toute exécution.

" Ma collègue de la Justice a pris une note circulaire qui le montre , qui l'atteste et qui fixe les infractions ou les comportements qui sont constatés. Je pense que des mesures seront prises pour que chaque fois que justice devra être dite de cette manière que celà soit de sorte qu'il soit mérité donc il y aura un processus d’encadrement particulier. Ce ne serait pas à la tête du client, on se réveille un matin, on se décide un tel vous êtes éligible non c'est parce qu'il y aura des faits suffisamment documentés qui permettront d'arriver à cette conclusion donc on comprend bien ceux qui réagissent mais nous savons tous qui est le plus grand tueur dans l'Est, on ne le cite pas, on pense qu'au contraire qu'il faut continuer à travailler avec lui mais tout ça, ça relève de l'injustice et nous nous prenons des mesures en interne pour répondre à ces questions ", a ajouté Patrick Muyaya

Cette décision du gouvernement de la RDC vient lever le moratoire sur l'exécution de la peine de mort, daté de 2003. Selon la note circulaire de la Ministre d'État , ministre de la Justice et Garde des Sceaux Rose Mutombo, cette mesure vise également les auteurs de "banditisme urbain entraînant mort d'homme". 

Depuis deux ans, le pays fait face à l'avancée des rebelles du M23 qui se sont emparés de larges pans de la province du Nord-Kivu et continuent d'élargir son influence dans cette province de l'Est de la RDC. Les échecs des FARDC et Alliés face à la progression du M23 a attisé auprès des autorités de la RDC des soupçons d'infiltration des forces de sécurité. C'est dans ce cadre que le Conseil Supérieur de la Défense avait sollicité auprès du chef de l'État Félix Tshisekedi la levée du moratoire.

Clément MUAMBA