Est de la RDC : au Conseil de sécurité, Huang Xia rappelle l’urgence d’intensifier les efforts pour la désescalade afin d’éviter un embrasement régional

Illustration
Photo d'illustration

La situation sécuritaire dans l'est de la République démocratique du Congo ne cesse de se détériorer à la suite de l'intensification des combats entre le groupe rebelle du Mouvement du 23 mars (M23)  soutenu par Kigali et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). 

C'est ce qu'a révélé le rapport des six derniers mois de Huang Xia, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs d'Afrique présenté mercredi 24 avril 2024 au Conseil de sécurité des Nations-Unies à New-York aux États-Unis d'Amérique.

« Au moment où se tient cette session du conseil, les inquiétudes que j'avais exprimées lors de mon dernier passage devant votre conseil sont loin d'être apaisées. En effet, les tensions entre la RDC et le Rwanda non seulement persistent mais elles se sont également exacerbées avec les affrontements répétés entre le mouvement du 23 Mars ( M23) et les Forces Armées de la République Démocratique du Congo. Je reste préoccupé par la gravité de la situation marquée notamment par l'intensification du conflit et la détérioration inquiétante de la situation humanitaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo. À celà s'ajoute la persistance de la rhétorique des confrontations entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda sur fond d'accusations réciproques des plans de déstabilisation et la flambée des discours de haine », a déclaré Huang Xia,Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs d'Afrique. 

Selon ce diplomate des Nations-Unies, les relations tendues entre Paul Kagame et Evariste Ndayishimiye à la base de la fermeture de ses frontières avec le Rwanda en janvier, compromettent également les progrès réalisés depuis 2020.

« Les tensions entre le Burundi et le Rwanda liées étroitement à la situation dans l'Est de la République Démocratique du Congo aggravent davantage la situation préoccupante et compromettent les progrès significatifs enregistrés depuis 2020 dans les relations entre ces deux pays. Ce tableau alarmant nous oblige à accroître de toute urgence nos efforts pour la désescalade et l'apaisement des tensions afin d'éviter un embrasement régional à risque réel à l'heure qu'il est. Celà passe inévitablement par un dialogue franc et sincère entre les parties concernées », a alerté le représentant du SG de l'ONU dans la région des Grands Lacs.

Par ailleurs, ce diplomate onusien a salué les efforts politiques et diplomatiques du président angolais João Manuel Gonçalves Lourenço pour maintenir Kinshasa et Kigali engagés dans le processus de Luanda, un initiative régionale visant à normaliser les relations entre Kinshasa et Kigali.

« Je salue et j'encourage fortement les efforts politiques et diplomatiques du Président Joao Lourenço d'Angola qui permettent de maintenir le Président Félix Tshisekedi et le président Paul Kagame engagés dans le processus de Luanda. Je me félicite également pour la poursuite des efforts de l'ancien président Kényan Uhuru Kenyatta facilitateur du processus de Nairobi ainsi que de l'engagement du président Salva Kiir du Soudan du Sud en sa qualité de Président en exercice de la communauté des Etats d'Afrique de l'Est », a indiqué Huang Xia.

Et d'ajouter :

« La mobilisation des partenaires internationaux doit également être relevée ici je pense notamment aux pays membres du groupe international des contacts sur la région des Grands Lacs avec qui j'ai mené une mission conjointe à Kinshasa et à Kigali avec mon collègue de l'union africaine. Toutes ces initiatives démontrent la détermination des acteurs de la région et plus largement ceux de la communauté internationale dans son ensemble de trouver conjointement une solution à cette crise qui n'a qu'à trop durer ».

La partie orientale de la République Démocratique du Congo reste une zone en proie à l'insécurité due à l'activisme des groupes armés depuis plusieurs décennies. Malgré les opérations militaires contre ces groupes armés et la proclamation de l'état de siège, la situation demeure particulièrement préoccupante, surtout avec la résurgence des rebelles du M23 soutenus par Kigali dans la province du Nord-Kivu.

Des initiatives régionales lancées peinent à donner des résultats escomptés sur terrain. En même temps, une bonne partie des territoires de Masisi, Rutshuru et Nyirangongo est toujours entre les mains des rebelles du M23 soutenus par le régime de Paul Kagame.

Clément MUAMBA