Non célébration de la JIF : Kinshasa justifie la décision par l'absence de considérations face à l'agression Rwandaise

Photo d'illustration
Patrick Muyaya

"Le cœur n’est donc pas à la fête" s’est prononcé le délégué général de la République Démocratique du Congo à la Francophonie, Mabiala Ma-Umba. Dans un communiqué, relayé sur le compte X du ministère des Affaires Étrangères et de la Francophonie, il révèle qu'Il n’y aura pas de cérémonie pour célébrer la Journée internationale de la Francophonie prévue le 20 mars de chaque année en raison de l’agression rwandaise via ses supplétifs du M23.

Interrogé sur les motivations de cette décision, le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya estime que la RDC, au regard de son rôle et son poids, ne se sent pas considérée au sein de cette organisation francophone. À en croire Patrick Muyaya, la Francophonie n'appartient pas à un État et dénonce la confusion existante dans le chef de Louise Mushikiwabo comme secrétaire général de l'OIF mais aussi comme ancienne cheffe de la diplomatie Rwandaise.

" Nous ne nous sentons pas suffisamment considérés parce que nous sommes le premier bassin de la francophonie au monde en termes de locuteurs, nous venons devant la France. Nous avons noté qu'il n'y avait pas le soutien qu'il fallait dans cette crise venant de la Francophonie, avec des propositions concrètes au-delà des condamnations classiques. Nous avions fait les jeux de la Francophonie où la Secrétaire Général attendait de se faire inviter pour venir pour une activité qui était sous sa direction. La Francophonie n'appartient pas à un État. Malheureusement dans la Francophonie actuelle, on confond son ex rôle à la tête des Affaires Étrangères du Rwanda et Secrétaire Général de la Francophonie où on ne peut pas se prononcer de manière claire sans ambages et œuvrer pour être sûre qu'au sein de la Grande Communauté Francophone, il n'y a pas de Congolais qui meurent ou qui sont tués tels que celà se passe", a expliqué Patrick Muyaya lors d'un briefing presse mardi 19 mars 2024.

La RDC va également réfléchir sur les bénéfices qu'elle peut tirer de la Francophonie comme instrument au service des intérêts stratégiques. D'après Patrick Muyaya, l'avis d'une frange de la population congolaise a toujours plaidé pour le départ au sein de cette organisation.

" Évidemment qu'on va évaluer et si dans l'évaluation qui est faite on dit il faut qu'on se retire de la Francophonie parce-que c'était déjà une option qui était proposée par plusieurs parlementaires au regard de l'attitude de l'organisation. Il y aura des mécanismes ou décisions qui pourront être prises lorsque ces évaluations seront totalement finies. Il faut considérer que c'est une opportunité pour la France principalement et les autres pays francophones, connaissant le rôle central de la RDC, d'agir parce que l'option de quitter la Francophonie, pour beaucoup de congolais, n'est pas à exclure lorsqu'ils ne ressentent pas suffisamment de solidarité, de compassion par rapport aux drames que nous connaissons ", a-t-il conclu.

Pour l’édition de cette année 2024, la Journée du 20 mars a été placée sous le thème : “Créer, innover, entreprendre en français”. Elle coïncide avec une période de douleur pour la nation, en proie aux conséquences dévastatrices de la guerre. En remplacement des célébrations, la délégation générale à la Francophonie et la RTNC vont organiser des émissions spéciales de télévision sous le thème : “La Francophonie que nous voulons”, visant à discuter des bénéfices de l’appartenance à la Francophonie et des actions à entreprendre pour renforcer la position de la RDC au sein de l’espace francophone.

Depuis quelques années, la République Démocratique du Congo entretient des relations particulièrement tendues avec la direction de l’OIF, critiquant régulièrement l’attitude de la Secrétaire générale de l'organisation, Louise Mushikiwabo, qu'elle accuse de partialité en faveur du Rwanda dans le conflit qui oppose les deux pays. Louise Mushikiwabo était absente de la capitale congolaise lors des IXes Jeux de la Francophonie en 2023.

Clément MUAMBA