La pétition en faveur du débat présidentiel prend de l'ampleur, et le CSAC pourrait contribuer au triomphe de la démocratie en l'accompagnant

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La rédaction vous propose ce matin l'Op-ed de Nathan Mukoma.

Le 8 octobre, la CENI a finalisé le dépôt de candidatures à l'élection présidentielle. Le nombre total de candidats est de 24, dont une seule femme. Alors que la campagne n'a pas encore officiellement commencé, les candidats ont déjà commencé à se lancer des piques. Actuellement, les débats sur les réseaux sociaux sont dominés par les différents échanges entre les candidats à la présidence. De l'actuel président, qui a lancé une attaque peu subtile à un candidat qui a été gouverneur du Katanga et à un autre qu'il qualifie de candidat de l'étranger.[1] De la réponse très claire du Dr Mukwege qui a soulevé l'ironie [2]de l'attaque du président à son encontre, puisque le président a passé la majeure partie de sa vie en Belgique, contrairement à Mukwege qui a travaillé sur la ligne de front de Bukavu pendant toute sa carrière (40 ans). Bien entendu, cette bataille se répercute dans les médias sociaux comme un grondement de tonnerre, les armées numériques de chaque candidat se livrant une guerre impardonnable ou, comme on dit, "sans gants".

Ces lieutenants des réseaux sociaux ont fait preuve d'une efficacité indescriptible non seulement en rassemblant leurs troupes, mais aussi en influençant les débats et les récits dominants. Un exemple simple serait la déformation des propos d'un candidat concernant la notion d'inclusion et de genre, qui faisait référence à l'inclusion des femmes dans toutes les sphères de prise de décision, qui est maintenant déformée comme étant une promotion de l'homosexualité par le candidat. Alors que ce phénomène n'aurait en soi suscité aucune inquiétude s'il était resté dans la sphère des réseaux sociaux, il est devenu un sujet de préoccupation potentiel lorsqu'il a été répété par le président, puis par le ministre de la communication. Cette dissolution des frontières entre la réalité et les réseaux sociaux laisse entrevoir un danger bien plus grand qui menace l'unité nationale à long terme, ce qui a été observé lors des précédentes élections aux États-Unis avec l'influence de QAnon et d'autres encore.

Quelle que soit votre allégeance politique, une chose est sûre : ces élections seront tumultueuses pour toutes les parties concernées ou, pour citer un lieutenant des médias sociaux, "on va se faire très mal ici". En tant que tel, en ce moment que l'on pourrait qualifier de calme avant la tempête, il est primordial de commencer à envisager et à mettre en œuvre certaines règles d'engagement. Mais il est encore plus essentiel de canaliser l'énergie électorale vers une forme d'engagement plus saine et plus productive. C'est dans ce contexte que la nécessité d'un débat présidentiel devient cruciale et l'interdire, comme l'a fait M. Christian Bosembe, est non seulement dangereux (une menace pour la démocratie), mais aussi à la limite de l'inconstitutionnel. Une chose que les candidats, les lieutenants des médias sociaux et en particulier M. Bosembe doivent se souvenir, c'est que la violence électorale est réelle et que nous en avons l'habitude. Rien qu'en 2011, 24[3] personnes sont mortes après l'annonce des résultats des élections. Dans sa sortie médiatique récente sur l'Ouragan[4], M. Bosembe s'est fortement opposé à un débat face à face entre les candidats à la présidence. Dans son désir de paraître neutre et impartial, M. Bosembe a choisi de se ranger du côté de la perpétuation du cycle de la violence électorale.

En refusant de ménager l'espace d'un débat présidentiel plus bénéfique pour notre société, M. Bosembe s'oppose à la volonté du peuple congolais [5]qui s'est exprimé clairement et continue de le faire en signant la pétition [6]lancée par Article 15.cd [7]pour demander un débat présidentiel[8]. Cher Monsieur Bosembe, le peuple congolais [9]vous demande d'être du bon côté de l'histoire et d'organiser un débat présidentiel. Quelle est votre réponse à cet appel ?

 


[1] https://twitter.com/actualitecd/status/1710745252699558264

[2] https://twitter.com/actualitecd/status/1711323126749966653

[3] https://www.hrw.org/fr/news/2011/12/21/rd-congo-24-morts-depuis-lannonce-du-resultat-de-lelection-presidentielle

[4] https://twitter.com/OuraganCd/status/1710174960239464778

[5] https://chng.it/TTGvm8JgfK

[6] https://chng.it/TTGvm8JgfK

[7] https://Article15.cd

[8] https://chng.it/TTGvm8JgfK

[9] https://chng.it/TTGvm8JgfK