RDC : Stanis Bujakera Tshiamala ! 

Portrait de Stanis Bujakera
Portrait de Stanis Bujakera

Un nom. Une énigme ? Une certitude : il constitue, à tort ou à raison, une preuve de confirmation voulue de la liberté de presse en République démocratique du Congo, un des engagements forts du Président Félix Tshisekedi dès le 24 janvier 2019.

Sur la toile, depuis le 08 septembre, date de son arrestation sur le tarmac de l'aéroport de Ndjili, il est au coeur des controverses. Des communiqués  des organisations de tous bords pleuvent à son propos. À New York, capitale du monde en ce septembre, ce nom, Stanis Bujakera Tshiamala, s'invitera indubitablement dans les échanges des diplomates, sur la République démocratique du Congo, dans les couloirs du siège des Nations Unies. Pourtant… il n'est qu'(?) un journaliste. Figure emblématique d'un quatrième pouvoir montant en RDC ? Assez excessif quoiqu'au bord de ce qui y parait. 

Néanmoins, grâce à sa plume dans divers médias de renom et, surtout au double, à sa ligne d'informations sur son compte X (ex-tweeter), sorti du sillage privé pour se constituer en un véritable "cadre" de "certification des informations" sur la RDC en particulier, Stanis Bujakera s'est, sans probablement le savoir, érigé en un cas atypique d'un journalisme en plein mouvement dans ses pratiques au Congo démocratique où, à trois mois des élections, ce "primé de Mwana Mboka" est réclamé… Preuve, si besoin est, qu'il n'est plus que lui. 

SBT serait-il en outre un réseau ? La gestion de son compte X par "son équipe" indique que sa promptitude à informer, à la minute près, est la preuve d'une organisation assez rigoureuse de travail fondé sur un meilleur ciblage non seulement dans la chasse des informations, mais aussi dans son traitement, en ce compris les recoupements, pour inspirer tant d'attentions aussi bien parmi ses admirateurs que dans les rangs de ses détracteurs. 

Au-delà, il y a, à n'en point douter, une toile tissée par ses intelligences interpersonnelles et sociales pour attirer, comme un aimant, les sources d'informations dont la diversité, exposant au risque de manipulation implicite qu'il ne peut ignorer, lui impose des exigences poignantes de professionalisme sans cesse plus pointilleux. Car n'ayant plus droit à la moindre erreur, fut-il un humain, face à ses publics. Ainsi aisé de comprendre ce qui lui est reproché : "propagation de faux bruits" et "diffusion de fausses informations". 

Manifestement encore très jeune et visiblement très ambitieux au sens le plus noble du terme, sa nature professionnelle ainsi décrite offre l'opportunité de réflexion tant académique que stratégique sur la gestion des informations de presse dans une privatisation accentuée sur fond des effets du numérique au Congo. 

Ceci atteste la nécessité d'un dialogue de gouvernance (au sens de "penser grandeur et agir conséquemment pour l'État"), à des fins opérationnelles, entre l'organisation de la liberté de presse dans ses sacro-saints principes, la prise en compte des impératifs sécuritaires aux contours à clarifier suivant les dynamiques, et l'entrée en jeu du code du numérique encore peu connu du grand public, y compris dans les milieux des professionnels, dans un pays à très faible taux de pénétration d'internet. Ce dialogue de gouvernance est d'autant plus utile qu'il permettra aux responsables de ces secteurs d'apprécier de manière très rigoureuse, par une prise en charge quasi holistique des implications à prévoir dans la préservation de l'image de l'Etat congolais, la portée des initiatives à envisager face à des défis à relever pour la consolidation de la démocratie congolaise. Il va sans dire que l'arrestation des professionnels de médias en plein exercice de leur métier dispose, y compris les non-initiés, d'y voir une expression de crise démocratique. Tant que les faits, qu'aucun journaliste ne doit s'arroger le droit de travestir, ne seraient pas clairement contredits. 

Dès lors, il est plus bénéfique pour la République, impersonnelle par et dans sa nature, de libérer Stanis Bujakera Tshiamala dont l'arrestation  et, surtout, une longue et injuste détention ne serviraient point à redorer l'image de la justice congolaise. Bien au contraire. 

Lembisa Tini (PhD)