Élections des sénateurs et gouverneurs: le ministère de l'intérieur appelé à "suspendre" les partis et regroupements politiques impliqués dans le trafic d'influence, corruption et le phénomène des tickets gagnants

Bulletins de vote
Bulletins de vote

Le ministère de l'intérieur, sécurité et Affaires Coutumières est appelé à suspendre tous les partis et regroupements politiques impliqués dans le trafic d'influence, corruption, la séquestration des députés provinciaux et le phénomène des tickets gagnants et autres lors des élections des sénateurs et des gouverneurs.

Ceci fait partie des recommandations de la Synergie des missions d’observation citoyenne des élections en RDC dans son rapport du mois d'avril consacré aux opérations électorales en RDC.

Pour cette organisation de la société civile électorale, après la suspension, le ministère de tutelle devra transmettre aux Cours et Tribunaux leurs dossiers pour radiation dans le paysage politique congolais.

"Nous nous sommes intéressés à regarder le lancement de la campagne électorale et le déroulement des scrutins indirects avec l'élection des sénateurs et des gouverneurs. À ce niveau, il faut constater que la campagne elle-même a été truffée de plusieurs faits qui nous ont paru hors du cadre légal notamment le phénomène des tickets gagnants, le phénomène de corruption, vous êtes au courant et ces faits se sont déroulés ici. La Symocel a été saisie par plusieurs candidats et vous savez aussi qu'il y a eu des désistements c'est le cas avec Samy Badibanga Ntita, Koffi Olomide,il y a eu beaucoup de cas documentés et des preuves et saisines des dossiers qui mettent véritablement en mal à la fois le processus de campagne et en même temps le processus des scrutins", a expliqué devant la presse vendredi 3 mai 2024 Luc Lutala, Coordonnateur national de la Symocel, la Synergie des missions d’observation citoyenne des élections en RDC.

Il révèle que dans certaines Assemblées provinciales, les observateurs n'ont pas eu accès et dans d'autres n'ont pas pris part à l'intégralité du processus de vote. Le Coordonnateur de la Symocel estime qu'avec tout ce qui se passe ce processus est loin d'être appelé processus " démocratique "

"Vous vous rendrez compte par exemple qu'il y a des provinces où les observateurs ont été réduits, chassés, ils ont accès aux salles mais après on les évacuent et il y a même des élus des grands électeurs dans certaines provinces après avoir voté on lui dit vous avez voté, libérer la salle et le dépouillement dans plusieurs cas de fait sans la présence des élus et ni des observateurs, on a même parler ainsi d'un véritable black out et donc si l'on met ensemble une campagne qui ne respecte pas les règles du jeu, un scrutin où on parle de corruption et le déroulement même du scrutin avec ses irrégularités l'on se pose la question est-ce qu'on est encore dans un processus démocratique ? La Symocel a l'impression qu'on est manifestement sortie de la gestion ou du cadre d'un processus démocratique, on est certes dans un processus électoral mais peut-être là qu'il faut s'interroger pour lui trouver un nom autre qu'un processus démocratique", a-t-il fait remarquer le coordonnateur de la Symocel. 

Plusieurs voix se sont levées pour dénoncer la corruption à outrance durant ce processus du vote des sénateurs et gouverneurs et Vice-gouverneurs des provinces. Le procureur général près la cour de cassation avait, dans deux correspondances adressées aux procureurs généraux près les cours d’appels de toutes les provinces, appelé à réprimer la corruption sous  toutes ses formes.

Depuis lors aucune action n'a été menée sur terrain. L'opinion attend voir la réaction de la justice à la suite des propos tenus par le Secrétaire Général du parti présidentiel Augustin Kabuya qui a clamé haut et fort :" qu'ils ont remis des véhicules à leurs élus provinciaux à titre de motivation pour avoir suivi le mot d'ordre du parti".

Clément MUAMBA