RDC : La mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre a été calamiteuse pour les sept mois écoulés (RRSSJ)

Le Réseau pour la Réforme du Secteur de Sécurité et de Justice (RRSSJ), en partenariat avec l’Action Contre l’Impunité pour les Droits Humains (ACIDH), le Centre de Recherches et d’Etudes sur l’Etat de Droit en Afrique (CREEDA), le Centre pour la Gouvernance (CEGO) et la Ligue des Electeurs (LE), a rendu public le 6ème rapport du groupe de travail sur le processus de paix en RDC, intitulé : « <em>Mise en œuvre de l’Accord Politique de la Saint-Sylvestre : Où en sommes-nous sept mois après et quelles perspectives ?</em> »

Ce rapport est le résultat d’une évaluation critique de la mise en œuvre de l’Accord Politique Global et Inclusif du 31 décembre 2016 (ou Accord de la Saint-Sylvestre).

Il met en exergue les avancées enregistrées et les obstacles entrevus à l’application intégrale dudit Accord ainsi que leur incidence sur la réalisation de l’objectif principal de l’Accord, à savoir l’organisation des élections dans le délai convenu pour le retour à l’ordre constitutionnel.
<blockquote><em>« Il ressort de ce rapport que la mise en œuvre de l’Accord de la Saint-Sylvestre a été, pour les sept mois écoulés, laborieuse, voire calamiteuse. Dans le contexte actuel du pays, le consensus politique découlant de cet Accord a été brisé, la bonne foi s’est envolée et a cédé la place à la loi du plus fort ; ce qui replonge le pays et sa population dans les incertitudes d’avant décembre 2016 »,</em> a dit Me Emmanuel Kabengele, coordonnateur du RRSSJ.</blockquote>
<em>« La responsabilité de cette situation est partagée entre toutes les parties prenantes à l’Accord : la Majorité présidentielle au pouvoir abusant de sa position dominante, et l’Opposition politique morcelée et incapable d’avoir une position commune ainsi qu’une frange de la Société civile sans voix audible, alignée de gré ou de force sur l’une ou l’autre force politique en présence »,</em> estime pour sa part Me Joseph Cihunda, vice-président du CREEDA.

Le rapport du groupe de travail tente d’identifier les défis auxquels la mise en œuvre intégrale de l’Accord politique du 31 décembre 2016 est confrontée, d’établir les responsabilités, avant de formuler quelques recommandations visant à relancer le processus politique en perspective des échéances électorales de décembre 2017.

En effet, Me Sylvain Lumu, de la Ligue des Electeurs a déclaré, pour sa part, que <em>« la mise en œuvre laborieuse, voire calamiteuse de l’Accord de la Saint-Sylvestre est révélatrice de la nature réelle de la crise politique en République démocratique du Congo, qui est essentiellement une crise éthique ou une crise de l’Homme congolais »</em>.

Cette situation permet aussi de sortir de ce qui paraît comme étant une « naïveté collective de bonne foi » ou un abus de la bonne foi dans laquelle la majorité des Congolais s'est encastrée en croyant aux discours officiels des acteurs politiques.

Les signataires du rapport regrettent que la recherche d’un consensus politique global, après avoir été présentée comme la voie de sortie de la crise électorale, soit à nouveau rejetée par les acteurs politiques, qui s’y écartent pour assouvir leur soif effrénée du pouvoir et d’argent facile, au mépris de leurs engagements et du respect dû au peuple congolais. Ils recommandent notamment aux parties prenantes de dégager un consensus pour la redéfinition de la séquence électorale en privilégiant l’élection présidentielle facile à organiser en tenant compte du temps restant et ce, dans le respect des mécanismes prévus dans ledit Accord ;  de procéder à l’audit de la gestion des fonds alloués à la CENI pour la conduite des opérations électorales et à évaluer ses performances. Le rapport, rendu public ce jour, est le 6ème de la série de rapports que publie le groupe de travail sur le processus de paix qui est un « laboratoire » de production d’analyses indépendantes en vue d’influer positivement sur les politiques publiques nationales et internationales. Il est composé des experts congolais des Organisations de la Société Civile intéressées au processus de paix.