Est de la RDC: avec seulement 14% des fonds nécessaires à sa réponse en 2024, le HCR appelle à une action immédiate face aux risques accrus pour les personnes déplacées

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Un camp des déplacés à Goma

Le HCR, l'agence du HCR pour les réfugiés, tire la sonnette d'alarme alors que la violence continue dans les régions orientales de la République démocratique du Congo (RDC) atteint un niveau dévastateur. Deux années de conflit cyclique dans les territoires de Rutshuru et Masisi au Nord-Kivu ont forcé plus de 1,3 million de personnes à fuir leurs foyers en RDC, entraînant le déplacement interne d'un total de 5,7 millions de personnes dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l'Ituri.

"Alors que la violence se poursuit et que l’accès humanitaire est encore plus entravé, les risques pour les populations déplacées et civiles se multiplient. Le HCR appelle à la fin immédiate de la violence et exhorte toutes les parties au conflit à respecter et à faire respecter le droit international humanitaire et les droits de l'homme, et à protéger les civils. Une réponse humanitaire renforcée dans les provinces de l’Est entre juin et décembre 2023 a permis d’aider plus de 3,1 millions de personnes à sauver des vies. Le HCR, avec ses partenaires, a fourni un abri d’urgence à plus de 40 000 personnes parmi les plus vulnérables arrivant à Goma. La distribution de plus de 3 600 kits d’articles de première nécessité et de 1 000 bâches a contribué à améliorer la vie quotidienne des personnes se trouvant à l’extérieur des sites prévus. Mais cela ne concernait qu’une petite partie de ceux qui en avaient désespérément besoin" dit un communiqué de HCR rendu public mardi 26 mars 2024

Le HCR reste profondément engagé à soutenir les personnes touchées dans l’est de la RDC et appelle de toute urgence à une action internationale concertée pour faire face à la crise. Le HCR n'a reçu que 14 pourcent des 250 millions de dollars nécessaires à sa réponse en RDC en 2024. Le manque de financement menace les livraisons d'aide, exacerbant la grave crise humanitaire de la région.

"Depuis que de violents affrontements ont éclaté le 7 février dans la ville de Sake, dans le territoire de Masisi, près de 300 000 personnes sont arrivées dans la ville de Goma et ses environs, gonflant les sites de déplacement spontanés et officiels alors qu'elles cherchent désespérément à se mettre à l'abri des bombardements aveugles et d'autres violations des droits humains. Les conditions sont désastreuses car les besoins croissants en matière d’abris, d’assainissement et de moyens de subsistance dépassent les ressources disponibles. 85 000 autres personnes ont fui les mêmes violences et ont trouvé refuge dans la région de Minova, au Sud-Kivu. En janvier, la ville de Minova accueillait déjà plus de 156 000 personnes déplacées, la majorité vivant dans des abris de fortune" ajoute le communiqué

Les derniers rapports des équipes du HCR sont alarmants. Les familles continuent d'arriver sur les sites traumatisées et épuisées par les attaques, marquées physiquement et psychologiquement. Beaucoup déclarent avoir été maltraités certains sexuellement pendant leur vol. Les nouveaux arrivants trouvent refuge dans des abris de fortune dans des sites surpeuplés, dans des écoles et des églises, ou dans des familles d'accueil, mettant à rude épreuve leurs maigres ressources.  

"Il est inquiétant de constater que les partenaires humanitaires ont observé des incursions systématiques de groupes armés dans des structures civiles telles que des sites de déplacement, des hôpitaux et des centres de santé. En 2023, 25 écoles ont été occupées par des groupes armés non étatiques dans les territoires de Masisi et de Rutshuru seuls, et 17 autres écoles ont été attaquées. En 2024, sept écoles ont été détruites par des bombardements. Le pillage de médicaments et de matériel essentiel dans les centres de santé, au cours des dernières semaines, a encore entravé la capacité des humanitaires à soutenir les personnes déplacées. Des centaines de milliers de personnes ont été identifiées comme déplacées derrière les lignes de front dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo, coupées de l'aide", a fait remarquer le HCR.

La RDC, particulièrement dans sa partie est, est confrontée à l'activisme de groupes armés étrangers et locaux. La situation s'est aggravée depuis la résurgence des rebelles du M23, soutenus par Kigali. Depuis 2021, plusieurs zones de la province du Nord-Kivu sont sous le contrôle de ces rebelles, qui souhaitent un dialogue direct avec Kinshasa, une approche rejetée par l'administration Tshisekedi, désireuse de dialoguer directement avec Kagame, considéré comme le parrain du M23.

Clément MUAMBA