Livre : les “Parallèles” de Julie Grimoud entre France et RDC 

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Livre “Parallèles” de Julie Grimoud

Les similitudes, les convergences ou encore les parallèles, Julie Grimoud sait en trouver. Ayant vécu en France et en RDC, deux pays qui ont en commun la langue française, mais pas seulement, l’auteure du livre dénommé “Parallèles” s’est baladée dans des souvenirs lointains en parcourant certaines routes à l’intérieur de la RDC où elle vit depuis 5 ans.

Française, femme de Lettres, férue de théâtre, enseignante, membre de l’équipe organisatrice du Festival Pianos de Kinshasa, Julie Grimoud n’a pas fait que des expériences artistiques en RDC. Arrivée sur Kinshasa en 2019, elle dit avoir été surprise par l’accueil et l’adoption lui réservés par la population congolaise. Au cours de ces années, elle qui arrivait pour la première fois en Afrique, n’est pas restée que dans la capitale congolaise.

Julie a voyagé dans quelques provinces mais un voyage a été déterminant pour laisser les traces de son parcours dans un livre. C’est dans les routes de Kikwit, dans la province du Kwilu, que l’histoire a pris corps. Julie qui a fait le trajet de Kikwit jusqu’à Feshi dans le cadre d’un projet s’en est retrouvée avec un livre. Pendant cette expérience sur des routes particulièrement différentes de Kinshasa, une distance de plus de 200 kilomètres à bord d’une moto et pendant plus de 13h, elle s’est remémoré les souvenirs qui valaient bien une édition.

Ayant passe une grande partie de la France à Ariège, au sud-ouest de la France ; les montagnes, les types de routes, l’attitude des habitants à son endroit dans des villages congolais et bien d’autres faits qu’elle a rencontrés également au sud-ouest de la RDC se sont mis en parallèle dans son esprit. Toutes ces coïncidences des souvenirs entre la France et la RDC, Julie Grimoud les a nommés “Parallèles”, le titre même de son livre paru en fin février dernier.

“Parallèles” est un récit, une expérience de l’auteure coulée sur 165 pages. C’est un croisement entre le passé et le présent, un regard en arrière par rapport aux événements présents, une “réorganisation de sa propre mémoire à partir des pages blanches de son histoire en tant que femme, citoyenne, “étrangère” et fille, pour enfin retrouver intentionnellement les correspondances historiques, géographiques et identitaires entre ses origines et l’espace Congo”.

En réalité, même si la rencontre avec la ville et la population de Kikwit a été déterminante, c’est tout le Congo qui a bouleversé Julie Grimoud. “Quand j’ai posé mes pas sur le tarmac de l’aéroport de N’djili, tout a commencé à s’écrire là”, confiait l’auteure de “Parallèles”. Julie est entrée en contact avec le Congo jusqu’à aimer le pays et à être aimée par ses habitants.

Ce n’est pas le récit d’une blanche en RDC, c’est celui d’une femme, précise-t-elle. Julie Grimoud n’affectionne pas d’être appelée “Mundele” (terme lingala qui veut dire blanc ou blanche), elle se considère comme femme parmi les autres, au Congo ou en France ou encore ailleurs dans le monde.

Ce livre est une découverte, un point essentiel dans la vie de cette femme qui n’avait pas au départ choisi de se rendre en RDC, mais voulait partir, quitter la France, où sa vie confortable l’étouffait. Touchée par la singularité des événements, ce qui est aujourd’hui un livre était au départ un carnet de voyage. Mais le destin en a décidé autrement. Entre poésie, théâtre et récit tout court, “Parallèles” est une suite de parallèles dans l’histoire, les anecdotes et le style.

Julie Grimoud a pu aussi se situer, déconstruire et reconstruire une autre façon de voir les choses sur le plan historique entre l’Afrique, particulièrement la RDC, et l’Europe, particulièrement la France. Elle estime que l’histoire apprise à l’école est faite de récits manquants. Elle souhaite que le bouquin soit lu par des Français pour se faire une image de la RDC dans un texte expérimental de celle qui a vécu et qui vit encore sur le sol congolais.

La langue est aussi une question importante pour elle dans son vécu au centre de l’Afrique. La RDC, connue pour être le plus grand pays francophone du monde, est aussi une vraie mosaïque de langues locales qui à plusieurs endroits sont en premier lieu les langues de la vie quotidienne avant l’existence de la langue française.

Edité et imprimé en RDC par le Studio 1960, tenu par l’artiste visuel et pianiste David Shongo, “Parallèles” se vend à 15$.

Kuzamba Mbuangu