Prises des positions régulières de l'Église dans la politique: "Nous avons levé l'option d'accompagner notre peuple dans sa quête de dignité. Notre prise de position agace ceux qui font souffrir le peuple" (Fridolin Ambongo)

Les évêques de la CENCO reçus par Félix Tshisekedi
Les évêques de la CENCO reçus par Félix Tshisekedi

"L'Église catholique et surtout le cardinal n'est pas neutre, Jésus-Christ n'était pas neutre", ces propos sont de l'archevêque métropolitain de Kinshasa, Fridolin Ambongo dans entretien diffusé le dimanche 17 mars sur KTO, une chaîne de télévision catholique de langue française. Répondant à la question sur "l'ingérence" régulière de l'Eglise catholique dans la politique du pays, le Cardinal Fridolin Ambongo estime que l'église ne peut pas avoir une attitude de "neutralité" par rapport aux actions des acteurs politiques, car cela signifierait sa prise de position pour les "puissants" contre les "petits".

"Je dis toujours l'Eglise catholique et surtout le Cardinal n'est pas neutre et Jésus-Christ n'était pas neutre, sur cette question là, la classe politique aurait aimé voir l'église catholique ou le Cardinal du Congo garder une attitude de neutralité par rapport à leurs actions mais si l'église catholique arrive à ça, c’est que l'église a pris position pour les puissants contre les petits. Or, nous, nous avons levé l'option d'accompagner notre peuple dans sa quête d'un peu plus de dignité. Naturellement notre prise de parole, notre prise de position agace ceux qui font souffrir le peuple", s'est défendu Fridolin Ambongo Besungu lors de l'entretien.

Si pendant la période coloniale, l’Église catholique était “partenaire” du gouvernement colonial, elle est, depuis la fin des années 1950 jusqu’à aujourd’hui, un acteur clef de la vie publique en RDC. Dans plusieurs conflits politiques, l'Église catholique a joué le rôle de médiateur. L'Église catholique n'hésite pas à jouer le rôle contre celui d'acteur politique voire d'activiste, lorsque la démocratie n'est pas respectée par la classe dirigeante.

À titre illustratif, sous le régime Joseph Kabila, l'Eglise catholique avait joué un rôle crucial pour tenter de sortir le pays de l’impasse causée par la non organisation des élections en 2016, elle était à l’initiative des plusieurs manifestations populaires à travers le Comité laïc de coordination (CLC). L’Église catholique a négocié l’Accord de paix de la Saint-Sylvestre du 31 décembre 2016, qui aurait dû aboutir à la formation d’un gouvernement de transition, à des réformes au sein de la commission électorale et aux élections 2017, sans Kabila comme candidat.

Après le départ de Joseph Kabila du pouvoir, l'église catholique a gardé la même position face au régime de Félix Tshisekedi. Elle se montre également très critique à l'endroit de l'administration Tshisekedi. Une attitude que les pro Félix Tshisekedi n'arrivent pas toujours à digérer et considèrent l'archevêque de Kinshasa d'être de l'opposition politique.

Clément MUAMBA