Carine Kamika : "Il est indigne en tant que gouvernement de sécher un rendez-vous qui propose des solutions " (Tribune)

Dans une tribune envoyée à ACTUALITE.CD ce vendredi 13 avril, la secrétaire nationale chargée des questions féminines à l'Union Démocratique Africaine Originelle (UDAO), Carine Kamika Mwakana invite le gouvernement congolais à reconsidérer sa décision contre la conférence des donateurs en faveur de la RDC qui se tient ce vendredi 13 avril à Genève. Elle invite Kinshasa à prendre de la hauteur et à s'engager à garantir des facilités aux différents partenaires en vue, dit-elle, de faire face à la crise humanitaire dans le pays.

<strong><em>Tribune</em></strong>

Le 13 avril à Genève est une aubaine pour beaucoup de compatriotes qui ont quitté leurs milieux de vie dans conditions inhumaines, inexplicables et dégradantes. Comme l’a dit le Cardinal et Archevêque de Kinshasa « lorsqu’on a les mains vides on ne refuse pas une aide ». Le Congo a des arguments qu’il devrait  présenter face au positionnement de la communauté humanitaire et l’ONU concernant le niveau L3 de l’échelle d’urgence humanitaire.

Lorsque l’on sait que le phénomène Kamwina Nsapu pour la seule province du Kasai central a causé plus d’un million de déplacés et plus de 30 000 réfugiés en Angola.  Hommes, femmes, et enfants se sont retrouvés coincés, tenaillés paupérisés et dépouillés de tout : maisons, champs, écoles et églises. Et cela dans leur propre pays, ils s’étaient retrouvés d’une part fouillant la répression disproportionnée de l’armée régulière, et l’assaut imprévisible d’une milice pas clairement identifiés.

La Province du Kasaï central a vu ce conflit aller au-delà du territoire de Dibaya vers Kazumba, Dimbelenge, et même Kamonya dans la Province du Kasaï.

En jetant un regard averti sur l’interminable conflit de l’Est, tout en faisant une évaluation objective de la situation sécuritaire précaire qui sévit dans cette zone, il faut être un homme sans âme ni cœur pour soutenir le comportement injustifié du Gouvernement Congolais.

Selon Andréa Kirchof, porte-parole du HCR en RDC, depuis décembre 2017 le flux de réfugiés est monté en flèche à cause de la recrudescence de l’activisme armé des éléments incontrôlés.  Au jour d’aujourd’hui, la RDC compte plus de 4 millions de congolais déplacés internes et plus de 674.879 réfugiés dans les pays voisins.

Au regard de ce qui précède, à notre avis, cette conférence des donateurs organisée notamment par l’UE et l’ONU à Genève est un acte de générosité et d’humanité que le Gouvernement devait, en toute humilité, prendre à bras le corps. Le gouvernement devra maintenant s’engager à garantir des facilités aux différents partenaires en vue de diminuer la souffrance de toutes ces populations déplacées et rendre possible le retour à la vie normale.

Filippo GRANDI, Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, lors de son passage à Kinshasa le 05 avril dernier, avait révélé que les discussions étaient en cours pour ne pas reconduire la déclaration du L3 pour le Tanganyika, le grand Kasaï et le Sud-Kivu.

Lors de sa dernière sortie médiatique, le Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Léonard She OKITUNDU, s’est largement appesanti sur la compréhension que son Gouvernement du niveau L3 au même titre que le Yémen et la Syrie.

Nous invitons ici l’Etat Congolais à se défaire de considérations périphériques liées à la sémantique sur cette importante question qui coute la vie aux millions de congolaises et congolais, enfants jeunes et vieux. Plus de 5 millions de congolais vivent dans des conditions inhumaines. C’est un échec pour le pouvoir actuel. Le positionnement des autorités s’apparentent aux dernières gesticulations d’un pouvoir aux abois.

L’immensité du Congo nous exige de la grandeur, nous devons discuter et accepter la main nous tendue par les amis et frères du Congo à travers cette conférence d’espoir. Il est plus qu’indigne en tant que gouvernement de sécher un rendez-vous qui propose des solutions humanitaires d’envergure. Pour une fois, prenez de la hauteur et pensez aux millions de familles déchirées et perdues dans ce grand Congo. Je lance donc un cri d’alarme comme Femme, Mère, et Congolaise.

Carine KAMIKA MWAKANA