L'actualité de la semaine vue par Judith Mbuyi Ilunga 

Photo/ Droits tiers
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De l'adhésion des communicateurs du PPRD à des mouvements rebelles qui opèrent dans l'Est de la RDC à l'élection de Bassirou Diomaye Faye comme président du Sénégal, en passant par l'annonce des fortes pluies pour les mois d'avril et mai 2024, la semaine qui vient de s'achever a été riche en actualités. Retour sur chacun des faits marquants avec Judith Mbuyi Ilunga

Bonjour, madame Judith Mbuyi. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous ?

Judith Mbuyi Je suis étudiante en Polytechnique, option Infrastructures. Responsable d'un salon de coiffure, maquilleuse et styliste.

Il n'y a toujours pas de nouveau gouvernement, 3 mois après la prestation de pouvoir de Félix Tshisekedi. Pensez-vous qu'il est nécessaire de dépasser l'étape de l'Informateur pour désigner un formateur ou carrément un premier ministre, qui permettrait de mettre fin à l'expédition des affaires courantes devenue chronique ?

Judith Mbuyi : cette situation prouve une fois de plus que notre conception du temps et des priorités pose de sérieux problèmes. Il est indispensable pour le Président de la République de prendre conscience que le temps n'est pas notre allier. Le peuple l'a massivement élu, pour nous éviter tous ces blocages et faire avancer les affaires du pays. 

S'agissant des critères pour la formation du prochain gouvernement, le recoupement des informations récoltées renseigne que chaque regroupement ou parti politique doit avoir dix députés nationaux pour obtenir un portefeuille ministériel. Qu'en pensez-vous ?

Judith Mbuyi : je pense que le président de la République devrait se passer de ces positionnements politiques et privilégier un gouvernement fait de technocrates. Les attentes sont énormes, le pays traverse une zone de turbulence. Le prochain gouvernement devrait être constitué d'experts issus ou non des partis politiques à tous les postes pour espérer faire décoller ce géant longtemps endormi. 

Crise dans l'Est de la RDC : l'EAC, l'UA, la Suisse poussent la RDC au dialogue. Tout porte à croire qu'une rencontre entre Tshisekedi et Kagame devient de plus en plus possible. Mais il y a des préalables. Qu'en pensez-vous?

Judith Mbuyi Je pense que dans toutes les crises au monde, le dialogue n'est jamais à exclure. Mais si dialogue il y aura, il faudrait qu'il se tienne en respect de la souveraineté de notre pays. Pas de brassages ni de mixages avec tous ceux qui ont pris les armes contre la patrie. Il faudra que tous les criminels soient jugés et condamnés par la justice.

Plusieurs communicateurs du PPRD se sont affichés la semaine dernière aux côtés des rebelles du M-23/RDF. Comment avez-vous accueilli cette reconvers​​​​​​​ion?

Judith Mbuyi C'est très triste de voir ceux qui ont longtemps chanté l'hymne de la démocratie prendre les armes contre la nation. Mais ces adhésions soulèvent des questionnements sur l'efficacité de nos services d'intelligence. Comment toutes ces personnes quittent Kinshasa et se retrouvent en lien avec les rebelles sans que les services secrets ne les interpellent ? 

Selon le porte-parole des FARDC au Nord-Kivu, les militaires rwandais et leurs alliés du M23 se rendent en masse et déposent les armes, à la suite de la pression de l'armée nationale. Comment accueillez-vous ce geste ?

Judith Mbuyi : c'est une bonne nouvelle. Il faudrait que l'armée continue à mettre la pression sur ces ennemis de la nation afin de les contraindre à déposer les armes et ramener la paix dans l'Est de notre pays. J'espère que cette fois, nos FARDC ne vont pas laisser du temps aux ennemis de se réorganiser pour venir prendre encore le dessus sur certains territoires.

Après avoir rendu les contentieux électoraux, la Cour constitutionnelle s'apprête à travailler sur la rectification d'erreurs matérielles selon les requêtes déposées. Qu'attendez-vous d'elle quant à cela ?

Judith Mbuyi : j'attends que la cour dise réellement le droit sur ce dossier et ne cède à aucune pression ni corruption. S'il y a eu réellement des erreurs matérielles, il faudrait les corriger pour remettre chacun dans ses droits.

Le conseiller spécial de Moise Katumbi, Salomon Idi Kalonda, a obtenu en fin de semaine la liberté provisoire après plusieurs mois de prison. Comment avez-vous accueilli l'annonce de sa mise en liberté provisoire ?

Judith Mbuyi : c'est une décision de la justice. Je ne peux que la saluer, tout en espérant qu'elle n'a pas été prise sur base des pressions politiques. Les autorités judiciaires doivent cependant veiller à ce que ce dernier ne trouve pas d'occasion pour se soustraire de la justice.

Les étudiants de l'ISAU étaient en fin de semaine dans la rue pour protester contre la majoration des frais académiques. Plusieurs dégâts matériels ont été enregistrés et des tirs de balles entendus. Comment jugez-vous ce comportement des étudiants ?

Judith Mbuyi Chaque fois, on remarque que les manifestations des étudiants tournent à la casse. Il y a lieu, d'une part, que les étudiants comprennent que le relèvement du niveau de l'enseignement universitaire demande des moyens sans lesquels on ne peut pas former un peuple pour son développement. Et d'autre part, le gouvernement doit créer des conditions pour offrir des bourses aux étudiants et des moyens nécessaires aux parents pour soutenir l'enseignement de leurs enfants.

Les météorologues tirent la sonnette d'alarme sur les fortes pluies qui s'annoncent pour avril et mai 2024. Quelles dispositions pouvez-vous proposer à la population kinoise pour se protéger contre cette reprise des pluies ?

Judith Mbuyi : il faut en premier lieu que le gouvernement initie des travaux pour déboucher les canalisations d'eaux et que la population arrête de jeter les ordures dans les caniveaux. Il faut ensuite que l'État crée des caniveaux dans les zones inondables pour faciliter la circulation de l'eau en cas de fortes pluies et protéger ainsi la population. 

À 44 ans, Bassirou Diomaye Faye remporte la présidentielle au Sénégal. Comment avez-vous accueilli l'annonce de sa victoire et qu'attendez-vous de lui pour l'émergence de la sous-région ?

Judith Mbuyi : une fois de plus, le Sénégal a montré au monde qu'il demeure un modèle de la démocratie en Afrique. De la classe politique de toutes tendances à la population lambda, ils ont fait preuve d'une maturité exemplaire. Le peuple congolais dans son ensemble devrait apprendre des Sénégalais en matière de démocratie.

À New York, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté, lundi 25 mars, à 14 voix en faveur d'un texte exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Pensez-vous que cette résolution pourra aider à ramener la paix dans cette région ?

Judith Mbuyi : c'est une bonne nouvelle, à condition que celle-ci soit respectée et qu'il y ait réellement un cessez-le-feu. Il faut que tous les acteurs impliqués dans cette crise prennent conscience de la nécessité de la paix. Le monde a besoin de la paix, sans laquelle on ne peut ni développer ni se faire développer.

Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka