Mot du Journaliste Stanis Bujakera à l’occasion de sa libération

Stanis Bujakera libéré
Stanis Bujakera libéré

Libéré le mardi 19 mars après une incarcération injuste et douloureuse, je retrouve enfin la liberté ! Six longs mois d'épreuve au centre pénitentiaire de Makala à Kinshasa, l'une des prisons les plus redoutables au monde. Ma libération est le fruit de l'élan incroyable d'individus animés par la justice, qui ont uni leurs forces pour défendre la liberté de la presse et lutter contre l'injustice.

Je tiens à exprimer ma gratitude infinie envers mes avocats, à mes confrères de ACTUALITE.CD, Reuters et Jeune Afrique. Merci aux journalistes de la RDC et du monde entier. Merci aux organisations nationales et internationales dédiées aux droits des journalistes. Merci à RSF, à CPJ et à Amnesty. Merci aux représentations diplomatiques des nations occidentales (les États-Unis, l’Union européenne, la Belgique, la Norvège, l’Allemagne, la Suisse, la France, le Canada et le Royaume-Uni), et toutes les âmes passionnées de liberté qui ont osé s'opposer à l'anarchie. Un merci particulier à mes parents, à ma femme et à ma famille, qui ont enduré une souffrance inexprimable suite à ma détention cruelle. Merci aux congolais qui se sont mobilisés.

Dans cette épreuve, la plus dure de mon existence, mon Dieu m’a soutenu. Je lui suis infiniment reconnaissant.

Par ailleurs, je saisis cette occasion pour réaffirmer solennellement mon innocence. Aucun des crimes qui m'ont été faussement attribués ne tient devant la vérité. Les analyses des géants des réseaux sociaux (Meta et Telegram) et l'évaluation de l'expert indépendant mandaté par le Tribunal ont révélé l'absurdité des accusations du parquet. Mon combat pour rétablir mon honneur est loin d'être terminé.

J’aimerais aussi attirer l’attention de l’opinion sur le lugubre sort de Damas Ngoy Nkungu, le plus vieux prévenu de la prison de Makala. Il totalise 21 ans sans procès. À lui tout seul, il symbolise le désespoir de nombreux prisonniers innocents qui croupissent dans les geôles à cause des parquets.

La prison centrale de Makala est une sorte d'antichambre de la mort. Conçue initialement pour 1 500 individus, elle en contient aujourd'hui plus de 14 400, dont près de 9 000 en attente de jugement.

J’adresse ma sympathie à tous ces prisonniers qui subissent des traitements inhumains et dégradants du fait de leurs conditions carcérales exécrables.

En conclusion, une pensée spéciale pour les journalistes à travers le monde, persécutés, emprisonnés, assassinés ou tués dans l'exercice de leur profession.

Unissons-nous tous pour la liberté de la presse en RDC et dans le monde.

Le plus fort est Dieu. L’information certifiée, c'est nous !

Stanis Bujakera Tshiamala

Journaliste à Jeune Afrique et Reuters, Directeur de publication adjoint de ACTUALITE.CD

 

Fait à Kinshasa, le 21 mars 2024