Tshopo : suite à la recrudescence des cas d'insécurité, les prêtres de l'archidiocèse de Kisangani haussent le ton

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Le président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), Monseigneur Marcel Utembi Tapa, a présidé la 22e session ordinaire des prêtres membres du conseil presbytéral tenue du 17 au 18 avril 2024 au centre diocésain de pastorale. Au cours de ces assises de deux jours, les prêtres membres effectifs du conseil presbytéral ont constaté la persistance et la recrudescence des actes de violence inciviques qui ont plongé les populations de la ville de Kisangani et celles de la périphérie dans la psychose et dans un climat d'insécurité indescriptible. Après ce constat amer, les prêtres de l'archidiocèse de Kisangani tirent la sonnette d'alarme auprès des autorités politico-administratives.

Dans leur message, ils dénoncent la spoliation anarchique, orchestrée par des soi-disant "ayants droit" des parcelles et des concessions acquises légalement, et de l'incapacité des autorités à intervenir. Ils soulignent le morcellement anarchique et désordonné des terres spoliées, souvent en complicité avec des services étatiques attitrés, notamment les titres fonciers et immobiliers, le cadastre et la police. Ils soulignent également la recrudescence remarquable du tribalisme et de la xénophobie, la destruction méchante de certains villages à la périphérie de Kisangani dans le conflit mbole et lengola de la commune de Lubunga, ce qui provoque encore aujourd'hui le déplacement des populations. À cela s'ajoutent le mauvais usage des réseaux sociaux incitant à la haine et à la violence, l'érection de barrières illégales par des personnes sans qualité pour rançonner la population lors des jours de marché et de deuil à la périphérie de la ville de Kisangani, l'absence de l'autorité de l'État au niveau provincial et l'organisation des jeunes en gangs appelés "staff" à travers toutes les communes de Kisangani, où ces jeunes extorquent, pillent en pleine journée et la nuit sans oublier des vols à répétition en mains armées.

Face à ce tableau sombre de la sécurité à Kisangani, fidèles dans leur mission de veilleurs, les prêtres de l'archidiocèse de Kisangani élèvent leur voix pour dénoncer ces cas d'insécurité et lancent un appel au sens de responsabilité aux auteurs, commanditaires et complices. Leur appel s'adresse aux autorités politico-administratives, militaires, policières, aux personnes de bonne volonté sans oublier tous les chrétiens des zones pastorales de l'archidiocèse de Kisangani.

Pour lutter contre l'insécurité, la population est appelée à dénoncer et à collaborer avec les services de sécurité, à signaler toute personne suspecte vivant dans le coin. À titre de recommandations, les prêtres de l'archidiocèse de Kisangani recommandent aux autorités provinciales de rétablir l'autorité de l'État et d'apporter une solution durable, de rétablir les personnes dépossédées de leurs parcelles et concessions dans leurs droits, de renforcer les services de sécurité en les dotant des moyens nécessaires, de prendre en charge les déplacés de Lubunga. Ils recommandent l'organisation d'un dialogue franc entre les différents leaders communautaires en conflit pour une cohabitation pacifique. Aux fidèles chrétiens, de promouvoir le vivre ensemble, de développer des mécanismes de sécurité communautaire "nyumba kumi" et le système d'alarmes dans les maisons, de privilégier la résolution pacifique des conflits dans les familles, quartiers et dans les communautés ecclésiales vivantes (CEV), d'organiser des rencontres œcuméniques débouchant ainsi sur des actions et la prière pour la paix, l'unité et la réconciliation.

"Tous levons-nous et disons non à la violence sous toutes ses formes dans la ville de Kisangani et ses environs, non aux tueries, non aux spoliations des parcelles et des concessions d'autrui, non à la xénophobie et à la haine tribale", ont indiqué les prêtres membres du conseil presbytéral de l'archidiocèse de Kisangani dans leur communiqué de dénonciation du 18 avril 2024.

Gabriel Makabu de Kisangani