Rétrocommission dans le circuit de paiement de la dépense publique : une pratique qui verse l’opprobre sur le ministère des finances 

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Dollars américains. Ph. ACTUALITE.CD

Depuis l'avènement de Nicolas Kazadi à la tête du ministère des Finances, des voix ne cessent de s'élever dans l'environnement sociopolitique congolais pour dénoncer la résurrection "du phénomène 20 % à 30 % de rétrocommission dans le circuit de paiement de la dépense publique”.

Interrogé sur cet état de chose lors d'un briefing presse co-animé avec son collègue de la communication et médias, l'argentier national dit ne pas être concerné par cette pratique et qu'à chaque fois que des indices de cette pratique paraissent, il n'hésite pas de sanctionner pour décourager cette habitude qui ternit l'image de son ministère.

« Il s'agit d'un problème national où malheureusement chaque fois que l'on veut se rendre un service, on demande quelque chose au passage. Des gens qui viennent fréquenter le ministère se permettent parfois de monnayer leur intervention auprès du ministère mais, je vous dis que moi, chaque fois que j'ai le moindre indice qu'on fait monnayer, soit je ne fais pas le paiement qui m'est demandé soit je confronte la personne au bénéficiaire justement pour mettre fin à cela parce que je sais que ceux qui font cela prennent l'argent, s'en vont mais l'opprobre c'est pour nous », a déclaré Nicolas Kazadi, ministre des Finances.

Nicolas Kazadi a exhorté la population à la collaboration pour faire face à cette situation. À l'en croire, toutes les personnes victimes de cette pratique doivent dénoncer leurs complices en interne au niveau du ministère pour lui permettre de sanctionner.

« Il y a même ceux qui le font sans qualité ni droit, on en a arrêté récemment, ils se sont répandus dans la ville ici en train de faire du trafic de paiement en disant qu'ils devaient remettre de l'argent à tel ou tel autre y compris au ministre, tout ça a été faux mais ils ont failli dérouter des gens qui pensaient que c'était vrai. Quand on a mis la main sur eux, ils nous on a porté plainte, le parquet les a arrêtés, ils sont aujourd'hui en prison, ils se répandent dans les réseaux sociaux en train de m'insulter. Je demande une seule chose : dites nous qui sont vos complices au sein du ministère et si vous nous le dites, moi je retire ma plainte, je m'attaque à vos complices, j’attends, jusqu'à présent je n'ai pas encore eu les noms des complices », a laissé entendre l'argentier national.

Nicolas Kazadi estime que la crédibilité gagnée par la RDC dans sa manière de gérer les finances publiques ne peut pas être hypothéquée par des mauvaises pratiques.

« Lorsqu'on en a attrapé un ou deux dans mon cabinet, je les ai remerciés purement et simplement, les conseillers sont terrorisés et ils savent combien je suis Implacable là-dessus. Je sais de quoi réhabiliter l'image d'un pays, d'une administration, d'une personne, je n'ai que fais ça dans ces trois années et aujourd'hui si nous sommes mieux vus à l'étranger c'est parce qu'on a fait un travail sur nos comptes, sur notre façon de gérer, notre façon d'affecter l'argent et les réformes qu'on met en place », a ajouté Nicolas Kazadi.

Rappelons-le, au début de l'année dernière, à travers une correspondance adressée au ministre des Finances, Nicolas Kazadi, dont une copie réservée au Président Félix Tshisekedi, Augustin Matata Ponyo avait dénoncé le non-paiement par le ministre des Finances d’un montant de plus d'un million de dollars américains en faveur de son Bureau d’Études Congo Challenge qui a réalisé des études sur demande du gouvernement. 

À l'en croire, il lui a été demandé des rétrocommissions. "le phénomène 20 % à 30 % de rétrocommission refait surface dans le circuit de paiement de la dépense publique alors qu’il avait totalement disparu à l'époque où j'étais ministre des Finances et Premier ministre" disait-il dans sa note avant de poursuivre "Imaginez-vous qu’il m’a été demandé aussi de payer 20 % de rétrocommission pour obtenir le paiement des études réalisées par mon cabinet au profit du gouvernement ? Ce que j’ai refusé, car cela n’est pas conforme à mon éthique et à mes exigences professionnelles" 

Clément MUAMBA