Kinshasa : le marché Gombaré infecté par la crasse du pont cabi

Le marché Gombaré
Le marché Gombaré

C'est une réalité, mieux un capharnaüm difficile à contempler à cause d'une  énorme pancarte du bourgmestre de la commune, qui cache tout. Là derrière, un marché, dénommé Gombaré, situé tout juste après la bande droite du boulevard Sendwe à Kalamu, où les gens vendent et achètent sur les ordures. 

Dans ce lieu de négoce, un collecteur d'eau mué en une décharge à ciel ouvert, bouche le fameux pont cabi, avec une meute de bouteilles plastiques.

Des vendeurs, qui sont pour la plupart des femmes, sont assises sur la boue, chaussant des bottes, derrière une montagne d'immondices, qui puent. 

Très irritée, Annie, une femme vendeuse d’oignons, hurle contre l'inaction des autorités de la commune de Kalamu, qui avaient feint d'envoyer des engins pour évacuer ces déchets.

« C'est chaque jour que nous payons nos tickets. Mais regardez vous-même les conditions dans lesquelles ce marché se trouve. Ils n'ont rien fait. Il y a peu, les autorités avaient envoyé un tracteur pour vider Kalamu, mais ils ont abandonné le travail après seulement 3 jours. Et comme ces ordures forment des petites montagnes, c'est comme ça que nous avons résolu de sortir vendre à l'extérieur, où nous sommes très inquiétées par les hommes du major mal à l'aise, envoyé par Gecoco», explique-t-elle avec empressement, déplorant le comportement des habitants qui, selon elle, sont également à la base de cette situation.

A

Vendeur des poivrons, Jeancy, lui, charge le nouveau bourgmestre de la commune de Kalamu qui, après sa prise des fonctions, avait détruit ce marché en y déversant toutes les ordures qui se trouvaient dans le collecteur d'eau, sans aucune suite favorable.

« Cela fait très mal, parce que ce marché était dans un état acceptable, avec des étals. Mais lorsque le nouveau bourgmestre est venu, il a décidé de détruire ce marché, en y déversant toutes les ordures qui s'entassaient ici. Et c'est chaque jour qu'il y a collecte d'argent, mais nous ne savons pas si cet argent sert à quoi. Nous vendons dans des conditions précaires, étalant nos marchandises sur la boue, alors que c'est pour la consommation. C'est donc cette pancarte qui cache tout ce qu'il y a ici », s'est-il plaint.

Obeb Makambo, vendeur de pommes de terre qui dit être exposé aux maladies, ne va pas par quatre chemins. Il souhaite que son message atteigne les autorités pour que la solution soit trouvée. 

« Nous avons fort besoin qu'on nous arrange notre marché, parce que nous payons nos tickets et nous répondons à tous les devoirs qu'on nous exige ici. Mais depuis qu'il y a eu curage de ce collecteur d'eau, ils ne viennent plus le faire. Je souhaite que cette alerte arrive jusqu'aux oreilles des autorités afin qu'on obtienne gain de cause. C'est inacceptable de vendre dans un tel lieu, où il y a des poubelles, de la boue, où on peut facilement avoir des infections et d'autres maladies», s'est-il lamenté.

A

Assise à même le sol devant ses avocats, Chancelvie Mawete relate le calvaire des acheteurs, qui accèdent difficilement au marché à cause de la boue qui rend la surface glissante. 

« On est très choqué de vendre des produits à manger dans ce cadre. Nous demandons aux autorités de nous venir en aide parce que ces déchets-là qui forment des montagnes font tomber des gens. La semaine écoulée, une maman avait trébuché dans l'eau et avait eu sa main gauche cassée. Elle ne vend plus. Franchement nous souffrons comme pas possible. J'ai un étalage là-dedans, mais pas moyen d'y vendre parce que les clients ne peuvent y entrer à cause des saletés», soupire-t-elle.

Curieusement, en dessous de l'éternelle pancarte du bourgmestre de la commune de Kalamu, qui perche le boulevard Sendwe avec l'effigie du président de la République, il est écrit en grand caractère« Kalamu Bopeto»: une inscription diamétralement opposée à la réalité sur place.

Samyr LUKOMBO