RDC-budget : le gouvernement adopte enfin une programmation militaire pluriannuelle

Parade de l'armée à l'état-major à Beni
Parade de l'armée à l'état-major à Beni

Le gouvernement a, lors de la 54e réunion du conseil des ministres, adopté le projet de loi portant programmation militaire pour les exercices 2022-2025. Ce, à la suite de sa présentation par la vice-ministre de la Défense nationale et anciens combattants, Mme Séraphine Kilubu Kutuna.

Faisant l'économie de ce projet au nom de son titulaire Gilbert Kabanda en mission, Séraphine Kilubu Kutuna a indiqué que l'approbation de ce dernier constitue un acte d'engagement de toute la nation afin de permettre à l'armée de développer ses capacités opérationnelles en vue de doter le pays d'un atout pour faire face à l'insécurité et aux menaces émergentes multiformes.

" L'architecture de ce projet de loi repose sur six programmes à savoir : la rationalisation de la gestion des ressources humaines ; la formation et l'entraînement des militaires ;  l'équipement militaire ; les infrastructures ; les opérations et la production militaire. L'entrée en vigueur d'une loi de programmation marquera sans nul doute un tournant dans la prise en charge des besoins de notre armée afin de lui permettre de répondre adéquatement aux enjeux du moment et ainsi d'atteindre les objectifs fixés par le plan de la réforme de l'armée amorcée depuis 2009 ", rapporte le compte rendu de la réunion fait par le ministre de la communication et médias Patrick Muyaya.

Lors de l'ouverture de la session de mars en cours le président de l'Assemblée nationale, Christophe Mboso, a demandé au gouvernement de penser rapidement à adopter et à déposer au bureau de l’Assemblée nationale le projet de loi portant programmation militaire afin de doter les FARDC des moyens financiers et de parachever la réforme du secteur de la défense.

“ Ces réformes avaient abouti à l’adoption par le Parlement et la promulgation notamment de la Loi n°11/013 du 11 août 2011 portant organisation et fonctionnement des Forces armées et de la Loi n°13/005 du 15 janvier 2013 portant Statut du militaire des Forces armées de la République Démocratique du Congo. Je constate qu’à ce jour, une importante étape de cette réforme n’est toujours pas parachevée. Il s’agit de la loi de programmation militaire ", a déploré Christophe Mboso, dans son allocution à l'ouverture de la session parlementaire de mars.

Et de poursuivre :

" Afin de parachever le processus de ces réformes, j’exhorte le Gouvernement d’accélérer l’adoption et le dépôt au bureau de l’Assemblée nationale du projet de loi de programmation militaire afin de doter nos Forces armées des moyens financiers, matériels et logistiques susceptibles de leur permettre d’accomplir avec efficacité et bravoure les lourdes missions que leur assigne la Constitution et ainsi de faire face aux menaces sécuritaires internes et externes de notre pays ".

L'adoption de cette loi de programmation militaire a été parmi les revendications de plusieurs députés nationaux et experts en matière de sécurité et de défense. Après l'investiture du gouvernement Ilunga Ilunkamba en septembre 2019, le député Juvénal Munubo qui fait partie de la commission défense et sécurité de la chambre basse avait invité le gouvernement à doter le pays de la loi de programmation militaire.

" Le défi pour le gouvernement c’est de doter le pays de la loi de réforme des FARDC et de la loi de programmation militaire. Parce qu’on ne peut pas que se contenter du budget annuel pour transformer l’image de l’armée. Il faut un outil de programmation pluriannuelle où on définit la vision, ce qu’on veut comme armée, où on identifie les menaces, les actions et les stratégies ",  avait déclaré l’élu de Walikale (Nord-Kivu).

La loi de programmation militaire est une loi financière pluriannuelle qui fixe les échéances des crédits de paiement relatifs aux dépenses d’équipements et de développement des Forces armées. Elle définit dans le cadre des lois budgétaires la tranche du budget réservée au développement, à l’équipement des Forces armées. Elle détermine les séquences et le rythme des opérations ou des achats à effectuer pour atteindre les objectifs précis des Forces armées.

Le pays est confronté à une violence armée qui ne s'arrête pas depuis plus de deux décennies dans sa partie orientale. Les FARDC sont sur plusieurs fronts au même moment pour combattre les forces négatives locales et étrangères. Selon un rapport du Groupe d’Etude sur le Congo, on compte plus de 130 groupes armés présents dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ces groupes s’affrontent pour plusieurs raisons dont le contrôle des carrés miniers.

Clément MUAMBA