RDC : pouvoir, importance, appropriation et fonction du musée au cœur d’une journée scientifique et culturelle

MUsée national de la RDC
Ph. ACTUALITE.CD

A l’occasion de la journée internationale des musées, célébrée le 18 mai, l’Institut des Musées Nationaux du Congo (IMNC) a organisé une journée scientifique à Kinshasa, au Musée national de la RDC. Les panélistes ont discuté avec plus d’une cinquantaine de personnes sur le rôle du musée, son pouvoir en RDC, son rapport avec la société, l’éducation à la visite des musées et bien d’autres points.

L’activité qui s’est étendue sur la journée a pu réunir des représentants de différentes couches sociales tels qu’experts, universitaires, enseignants du secondaire et des universités, des militaires, des partenaires du secteur privé, les corps diplomatiques.

A tour de rôle, il s’est tenu 3 panels et une conférence, marqués à chaque fois par des spectacles de ballet dans les interludes. Trois anciens directeurs généraux de l’IMNC ont pris la parole. Ils sont notamment revenus sur l’évolution de cet établissement, de son personnel, ses temps difficiles et l’impact de son travail actuellement.

Cette célébration intervient alors que la culture de la visite des musées ne s’est pas encore véritablement installée en RDC. Mais le DG de l’IMNC garde espoir.

« La visite des musées ou son appropriation par le public est un processus qui exige énormément du travail, aussi bien de notre côté que du côté du public. Je pense que si les choses se font sur le terrain maintenant, dans les années qui viennent, le musée sera un partenaire important pour le public kinois », indique-t-il.

Le pouvoir des musées 

La journée internationale des musées a été célébrée sous le thème de “Le pouvoir des musées”. Selon le conseil international des musées (ICOM), un musée a le pouvoir d’atteindre la durabilité, d’innover en matière de numérisation et d’accessibilité, et du renforcement de la communauté par l’éducation.

« Les musées sont des partenaires stratégiques dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable des Nations Unies. En tant qu’acteurs clés dans leurs communautés locales, ils contribuent à une grande variété d’objectifs, qui comprennent la promotion des circuits courts et de l’économie sociale et la diffusion d’informations scientifiques sur les défis environnementaux », peut-on lire sur le site de l’ICOM.

Pour concrétiser ce pouvoir, le professeur Mumbelembele entend créer des ponts avec le monde académique, politique, avec la société civile et bien d’autres partenaires parce que “le musée constitue un support pédagogique important, les élèves en visitant peuvent intérioriser les patrimoines dans leurs contextes”, dit-il.

Et d’ajouter :

« Le pouvoir des musées est un processus, il ne tombe pas du jour au lendemain. On doit se l’approprier progressivement. Ce n’est pas seulement que le musée impose un pouvoir mais il doit travailler avec ceux qui ont le pouvoir. L’engagement politique est facteur majeur qui puisse nous aider à faire changer les choses ».

Les états généraux des musées envisagés

Le directeur général de l’IMNC, professeur Mumbelembele, a annoncé qu’ils envisagent la tenue des états généraux des musées congolais. Cela pour permettre de regarder en profondeur la situation des musées congolais, de discuter de la construction de nouveaux, surtout dans les provinces, le souhait étant d’avoir un musée dans chaque chef-lieu de province.

« Nous sommes en train d’envisager les états généraux des musées. C’est un moment important qui va permettre à tous les agents de pouvoir s’exprimer sur certaines questions, à donner leur orientation afin que nous puissions avoir un projet, non seulement scientifique et culturel mais également social. Nous pensons qu’avec ces états généraux en RDC, nous pouvons poser de nouvelles bases sociales et culturelles », estime-t-il.

La multiplication des musées fera en sorte que les communautés se refassent leur mémoire et s’approprient leur histoire, parmi les travaux que fait l’IMNC.

« Le musée n’est pas pour les touristes. De passage dans un lieu, ils peuvent chercher à visiter certains endroits, mais le musée, c’est d’abord l’affaire de la communauté. Et nous, notre travail, c’est de pouvoir rapprocher davantage ces musées de son public », a dit le DG de cet établissement.

Ancien directeur général de l’Institut des Musées Nationaux, le professeur Josette Shaje, insiste sur la volonté politique dans l’épanouissement des musées.

« Pour que le musée puisse contribuer au développement de notre pays, il faut de la volonté. Si les étrangers arrivent à nous construire un musée digne de ce nom, pourquoi pas les fils du pays ? », s’interroge-t-il.

Les musées pour la promotion de la paix

Le professeur Pamphile Mabiala, doyen de la faculté des lettres et sciences humaines, est intervenu seul à la conférence inaugurale. Parmi les points soulignés sur le musée, il a évoqué la nécessité pour un pays d’avoir des musées, ces lieux de conservation de sa mémoire culturelle et son histoire. Il a aussi placé un mot sur la capacité des musées de promouvoir la paix dans le pays.

« Vous ne pouvez pas venir célébrer la haine au musée, vous ne pouvez pas faire en sorte qu’on déteste les gens dans le pays. Le musée doit faire en sorte que les activités qu’il organise soient celles de la promotion de la culture de la paix », a-t-il dit.

Et d'ajouter :

« Un musée peut générer des millions en étant un pôle d’attraction, si à un moment, il y a une belle exposition, ça donne de l’argent aux hôtels, aux restaurants, aux agences de voyage, etc. », ajoute-t-il.

Le directeur général de l’académie des beaux-arts, le professeur Henri Kalama, a pris part à une des conférences mettant en avant le département de conservation et de restauration qui existe au sein de l’établissement sous sa direction.

Emmanuel Kuzamba