État de siège en Ituri: le gouverneur Lieutenant Général Luboya reconnaît que beaucoup de choses n'ont pas été faites mais ce n'est un échec

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En marge de la célébration de la journée dédiée au soldat congolais mardi 17 mai, le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya et le gouverneur militaire de l'Ituri, le Lieutenant Général Johnny Luboya Nkashama était face à la presse pour faire le point sur l'évolution de la situation sécuritaire dans cette province sous état de siège depuis mai 2021.

Au nombre des préoccupations soulevées, figurait une question en rapport avec un message du docteur Denis Mukwege à la suite d'une attaque de codeco causant la mort de près de plus 30 congolais. Il disait ce qui suit :

"Les massacres récurrents commis en Ituri consacrent l'échec de l'état de siège et de la diplomatie régionale ! Il faut un changement de stratégie et prévenir la répétition des atrocités par une profonde réforme du secteur de la sécurité et une coopération renforcée avec la Brigade d'Intervention"

À la question de savoir si réellement c'était aussi son avis si réellement l'état de siège était un échec ? Le gouverneur militaire de l'Ituri répond :

"Vous savez pour les grands responsables que nous sommes, c'est un mot peut-être dure que je n'aurais pas voulu prononcer ici c'est l'ultra trepidarianisme. En français facile cela signifie il faut vous informer souvent je ne sais pas s'il faut dire notre peuple périt par manque d'informations ou parce que en faite les gens qui parlent souvent ils ne s'intéressent pas, ils sont à un certain niveau, vous savez aujourd'hui il y a eu une journée porte ouverte des FARDC je voudrais vraiment voir, je vais poser la question vous êtes des journalistes demain il faut demander combien d'intellectuels, combien des responsables étaient dans cette journée là. On parle c'est vrai nous n'avons pas tout fait, ça c'est vraiment vrai, on a pas tout fait mais est-ce que c'est un échec ? Aujourd'hui, si vous arrivez en Ituri, moi je vous dis que quand je suis arrivé à Bunia deux semaines avant, on se promenait avec les têtes des morts, je suis sûre que le Docteur Denis Mukwege, c'est un monsieur très respectable, je suis sûre qu'il ne le sait pas", a réagi le gouverneur militaire à cette question sur un des tweets du Prix Nobel de la Paix.

Face à cette situation, le gouverneur militaire a présenté un bref aperçu de ce qu'est devenue la province actuellement sous le régime de l'état de siège.

"Je suis parti ma première sortie, je suis parti de Bunia pour arriver à L'hôpital, j'ai dépassé Marabo pour arriver à l'hôpital de Nyakunde, il n'y avait pas âme qui vivait, je trouvais un médecin et Dieu seul sait si un jour ce monsieur là sera récompensé, un médecin avec 3 vieilles malades à Nyakunde, ça ce sont des choses vécues, vous pouvez aller le confirmer, il n'y avait personne, je suis passé, je suis arrivé jusqu'au territoire, on m'a amené je crois 30 bonnes dames des Kimbanguistes, elles venaient de Komanda, c'est devant elles que j'ai tenu un meeting parceque en faite je ne pouvais même pas tenir un meeting mais aller voir aujourd'hui, il n'y avait que des véhicules incendiés sur la RN 27 jusqu'à Komanda, allez voir aujourd'hui, j'étais sur la RN27, j'ai dépassé Iga barrière, j'ai trouvé deux 200 véhicules bloqués avec mon équipe, nous avons ouvert la RN27 tout ce que vous entendez là-bas Kobo, Bambu, Mungwalu, Kobo c'était le sanctuaire de la milice CODECO, aujourd'hui, ils ne sont plus, Bambu, Nyangarayi, tous les environs là-bas c'était CODECO, ils n'y sont plus"a-t-il expliqué devant la presse.

Et de poursuivre :

"Je vous ai dis qu'ils ont été chassés, ils sont en profondeur, la dernière opération qu'ils ont mené par exemple je parle des ADF c'était vers la rivière Ituri, ils ont brûlé je crois des véhicules, brûlés quelques maisons, ils étaient combien ? 6 Devrions-nous dire que parce qu'il y a eu autant des morts que l'état de siège a échoué ?"

l'Est de la République Démocratique du Congo fait face à l'insécurité causée par les groupes armés locaux et étrangers depuis maintenant près de 20 ans. Pour y remédier, le Chef de l'État Félix Tshisekedi et son gouvernement avaient décidé de proclamer l'état de siège en Ituri et au Nord-Kivu. À la suite de cette proclamation, il y a eu la mise en place de la mutualisation des forces armées de la République Démocratique du Congo et de l'armée Ougandaise.

À l'heure actuelle, ces mesures d'après certains élus du coin et populations concernées, ces mesures n'ont pas donné des résultats escomptés. Après avoir reçu un rapport du gouvernement sur l'état de siège, le Chef de l'État Félix Tshisekedi a annoncé la tenue bientôt d'une table ronde sur l'avenir de cette mesure d'exception.

D'après l'article 115 de la constitution, l’Assemblée nationale et le Sénat tiennent de plein droit, chaque année, deux sessions ordinaires : la première s’ouvre le 15 mars et se clôture le 15 juin et la deuxième s’ouvre le 15 septembre et se clôture le 15 décembre. À la lumière de cette disposition constitutionnelle, la table ronde annoncée par le Chef de l'État Félix Tshisekedi interviendra avant le 15 juin prochain.

Proclamé le 3 mai 2021 et entré en vigueur 3 jours après, l'état de siège va totaliser, ce 6 mai 2022, une année jour pour jour. Les gouverneurs militaires ont été désignés à la tête des provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu pour assurer la gestion des affaires et des opérations.

Clément MUAMBA