RDC-commémoration de la libération de l'AFDL : des femmes relatent leurs souvenirs et proposent une meilleure prise en charge des militaires et leurs dépendants

Photo/ Droits tiers
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Le 17 mai, c'est la commémoration de la révolution et des Forces armées du pays (FARDC). Cette journée est  chômée et payée en République Démocratique du Congo. Dans les rues de Kinshasa, le Desk Femme s’est entretenu avec quelques femmes autour de cet évènement. 

" La peur nous animait, nous nous demandions si une guerre allait être déclenchée ? Que deviendraient nos vies après le départ de Mobutu ? Qui pour lui arracher le pouvoir ? Le président Mobutu avait quitté la ville pour s’installer dans son village", se souvient Espérance Yangala, qui vend des légumes sur l’avenue Kapanga, à Kinshasa. 

Les faits se passent en 1997. Après 32 ans de règne du Maréchal Mobutu Sese-Seko sur le Zaïre, des rebelles de l'Alliance des forces démocratiques de la libération (AFDL), sous le commandement de Laurent Désiré Kabila, prennent le contrôle de la capitale, le 17 mai. Ils sont accueillis en héros car pour beaucoup, ils ont  libéré le pays de plusieurs années de dictature.  

"Depuis Brazzaville où j’étais avec ma famille, nous étions dans la joie. Heureux d’accueillir les libérateurs du Congo. Ils sont entrés dans la ville, bandeaux rouges sur la tête. Nous avons chanté, c’était une joie immense. Il n’y avait pas de coups de feu", se souvient Thérèse Shongo. 

Des enfants armés    

Vingt-cinq ans plus tard, Hélène Fazulu est restée longtemps marquée par les enfants armés qui sont arrivés avec l'AFDL dans les rues de Kinshasa. Les "Kadogo" étaient en majeure partie composés par des jeunes de moins de 17 ans. Et Thérèse Mobonzi évoque quelques conséquences de cette action sur l’avenir politique du pays.

"Le 17 mai est une mauvaise journée parce qu’elle fait référence à cette époque où les enfants ont été appelés à prendre les armes. Les Kadogo étaient des jeunes, des enfants. Mais les adultes politiques ont décidé de les intégrer dans leurs affaires, armes à la main. Je ne peux pas cautionner cela. Et si un tel événement venait à se reproduire aujourd’hui, beaucoup de jeunes seraient désorientés" explique Mme Hélène, agent à la Fonction publique. 

A Thérèse Mabonzi, commerçante à Zando de renchérir, « nous pensions que l’arrivée de Laurent Désiré Kabila allait résoudre les difficultés économiques que nous avons connues. Cependant, une crise s’est installée. Il y a eu pillage des magasins et des boutiques. Cela a plongé le pays dans une situation difficile. En 2001, il a été assassiné. Certains Kadogo maltraités se sont retrouvés miliciens à l’Est. Son fils qui lui a succédé, n’a pas hérité d’un système démocratique. Il a fait 18 ans de règne. Et jusqu’à présent, le pays ne s’en sort pas. Plus jamais ces événements ». 

A propos des militaires des FARDC

En 2019, le gouvernement congolais, sous le pouvoir de Félix Tshisekedi a rebaptisé la journée nationale de libération en journée nationale de la Révolution et de commémoration des Forces armées de la République Démocratique du Congo. Un mémorial a été dressé à Kinshasa à cette occasion. 

"Nous pouvons célébrer ce jour autant de fois au cours d’une année. Mais si les conditions de vie de nos militaires ne sont pas améliorées, cela ne servira à rien. Nous voyons chaque jour ces hommes en uniforme, circuler dans les rues pour mendier. Dans les camps militaires, leurs dépendants n’ont pas de bonnes écoles, ils se débrouillent et deviennent parfois délinquants pour survivre, c’est anormal", s’est exclamée Marie-Josée Ilunga, responsable d’un restaurant. 

A Espérance Yangala d’ajouter, "nous avons appris que le Chef de l’Etat a découvert des personnes qui détournent les frais destinés aux militaires à l’Est. Il y a aussi ceux qui détournent les salaires à Kinshasa et dans les autres provinces. Nous voudrions que ce jour soit celui qui amène à faire une évaluation de tous ces dégâts et que des solutions idoines soient trouvées."

Prisca Lokale