Démission de Jean-Marc Kabund : certaines femmes émettent des propositions

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Le 1er vice-président de l’Assemblée Nationale a annoncé, le week-end dernier, sa démission du bureau de la Chambre basse du parlement. Cette décision de Jean-Marc Kabund fait suite à une expédition punitive menée à sa résidence par les militaires de la Garde Républicaine (GR) chargée de la sécurité du Président de la République et de sa famille. A Kinshasa, des femmes se sont exprimées à ce sujet. 

« Ce sont des actions inhérentes à la sphère politique congolaise. Ce n’est pas la première fois que le domicile d’un homme politique proche du pouvoir soit saccagé. Des maisons, des sièges de partis politiques ont été brûlés, réduits en cendre par des manifestants en colère », rappelle Chantal Kimotene, présidente de la Ligue des femmes du parti Aeco Les Verts. 

Au niveau de la ligue des femmes de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), la décision n’a pas été bien accueillie. 

« Nous avons reçu cette annonce avec beaucoup de peine. D’abord en tant qu’humain, mais aussi en tant que membre du parti. Je ne pense que cela est une décision discutée au sein du parti.Je ne pense pas que le chef de l'état se soit exprimé par rapport à cette décision» confie Nathalie Alamba, première vice-présidente. 

Crevaison des pneus et rang social

Si les femmes politiques considèrent cette décision du président a.i de l’UDPS comme un acte politique, dans les rues de Kinshasa, les femmes évoquent aussi une question de rang social. 

« Tous les jours au Congo, les hommes politiques nous ramènent un fait nouveau. Je me demande en quoi est-ce que cela est utile pour la population. Nous avons tous appris que Jean-Marc Kabund et sa sécurité crevaient les pneus des citoyens. Ceux-ci étaient sans positionnement social, comment pouvaient-ils répliquer ? Mais maintenant qu’il s’est retrouvé face à une autre catégorie, qui  a riposté, il veut se tirer d'affaires. Tout ce qui nous importe, c'est notre bien-être. Pas de la politique pour les intérêts personnels », explique Fidéline Akonga, devant un supermarché en ville. 

C’est dans le même ordre d’idées, Madeleine Kayembe, agent de la fonction publique ajoute, « M. Kabund ne s’est pas rendu compte que la vidéo de cet agent de la garde républicaine humilié a vite circulé sur les réseaux sociaux. Non seulement son arme lui a été arrachée, il a été arrêté par des agents de police (…). Il ne faudrait pas que la classe politique marche sur les droits des citoyens, il faudrait respecter les limites du pouvoir, il ne faudrait pas que les individus déstabilisent une institution comme le parlement ».

 Jean-Marc Kabund n'a officiellement  pas déposé sa démission au bureau de l'AN. Si Nathalie Alamba espère une marche arrière, Chantal Kimotene appelle le président A.i de l'UDPS à la retenue. 

"Comme cette annonce a été faite par le canal des réseaux sociaux, elle ne peut pas être prise en compte. Le parti ne sera pas honoré par cette décision. Et je pense que M. Jean-Marc ne le fera pas. Tout peut s'arranger. Et ceux qui espèrent une mésentente au sein du parti seront confondus ", dit la VP de la Ligue des femmes UDPS. 

À Chantal Kimotene de renchérir, "il faut que Jean-Marc Kabund se ressaisisse. Aucune bonne décision ne se prend dans la précipitation ou sous l'effet de la colère. Il a été dans l'opposition, il a conscience des réalités politiques en RDC ". 

Contrairement à ces deux propositions, Martine Bapetshi, sexagenaire et vendeuse des légumes, estime que "Jean-Marc Kabund devrait aller jusqu'au bout de sa décision (déposer sa démission, ndlr) pour maintenir sa crédibilité. Sa famille politique ne manquera pas de le remplacer pour ce poste".

Prisca Lokale