RDC : Haro contre l'accueil dans nos services publics ! (Tribune)

Photo/ Droits tiers
Photo/ Droits tiers

Pardon, tout le monde ne vient pas troubler votre tranquillité, 

Pardon, si on vient vers vous c'est qu'il y a des dossiers dont vous êtes l'acteur principal pour l'obtention des résultats. Pardon, si seulement vous pouviez moins donner un feedback à des lettres des demandes d'audience ou les courriers importants en donnant des orientations à vos collaborateurs ou départements pouvant aider à travailler sur les dossiers dans nos fardes chemises, 

Pardon, si votre temps est tellement précieux pour le consacrer à des causes de la République, démissionnez !!! De mon point de vue, il y a des dossiers qui sont classés sans suite pourtant extrêmement importants pour la population ou l'image du pays à l'extérieur. 

L'argent du contribuable qui paie certains fonctionnaires publics est gaspillé rien qu'à voir comment on traite les visiteurs. Mon pays meurt à cause du service d'accueil lamentable. 

Décrocher un rendez-vous

Pour obtenir l'agenda du fonctionnaire que l'on recherche, il faut appeler, descendre sur terrain ou se référer aux membres de famille et amis du concerné. Une fois en votre possession, l'on vous demande d'écrire officiellement et d'attendre un appel pour un rendez-vous. Vous venez déposer la lettre on vous renvoie pour écrire correctement le nom du chef que l'on cherche à rencontrer. 

Corrections rapides faites, vous vous présentez de nouveau au même lieu du rendez-vous, on vous demande d'aller corriger la fonction ou la qualité du chef. 

Par exemple, S.E Mr le Ministre de ...  On vous répond que le chef est Vice-Premier ministre et ministre de ... et donc la lettre ne peut être réceptionnée par le service courrier. 

Au Congo sans courage, on n'obtient rien 

Donc il faut avoir une bonne dose d'endurance morale, physique et psychique.  Bref, on se voit obligé de retourner au cybercafé se trouvant à proximité du bureau qui nous intéresse. Arrivée au cyber, à peine les corrections apportées, l'électricité s'en va. Il est 10h, on porte à notre connaissance que probablement une panne générale, il faut attendre 2 heures peut-être pour le rétablissement de l'électricité. 

Dieu du ciel, il n’y a donc pas de générateur pour pallier aux problèmes permanents de coupures intempestives de l'électricité pour le cyber qui nous accueille. 

Les problèmes sont légion et se superposent. 

Quand on obtient enfin la correspondance écrite dans les normes phase1,  On nous apprend que les courriers en noir et blanc pour les accusés de réception de l'expéditeur ne passent pas. L'ensemble des courriers doit être imprimé en couleur. 

Du retard accumulé

Entre-temps le courrier prend du retard et quand on revient avec le bon document phase 2, le monsieur ou la dame a pris sa pause de 2 heures nul autre choix que celui de patienter. 

La phase 3, le service courrier lit attentivement la correspondance et prend la peine de vous demander de réécrire le courrier car les dates qui apparaissent ont expiré et que le chef ne peut pas traiter un dossier avec des coquilles. Tout doit être parfait. 

Après plusieurs va et vient au bureau qui nous intéresse, d'autres visiteurs nous prennent pour un employé du bureau quand ils constatent que nous maîtrisons les noms de plusieurs agents sur place et bavardons comme des collègues. On garde la bonne humeur, on est au Congo. En fait, on va passer directement à l'autre étape car tout ne peut être relaté ici, tellement l'histoire est longue. 

Enfin le Jour-J

L'étape suivante est le jour de l'audience  Il faut s'armer de patience pour garder son esprit frais et  bien engager la réunion avec le chef. Le rendez-vous fixé à 10h pile, finalement est annulé car le chef doit participer à l'inauguration de la vaccination contre Covid19 des hauts fonctionnaires publics. Le lendemain le rdv ferme est pris à la même heure, mais il y a une réunion urgente que le chef doit diriger étant donné qu'il assume l'intérim de son collègue de ... pendant quelques jours. 

Le surlendemain à la même heure, l'on nous apprend que l'immeuble a été désinfecté et que l'accès à l'immeuble est interdit pendant 48 heures. Mais puisque hier on était de passage ici, aucune personne n'a eu l'amabilité de porter cette information à notre connaissance.  Plusieurs semaines après on est reçu mais la réunion est écourtée car une délégation de diplomates présente au pays depuis 24h a demandé à rencontrer le chef.

Le collaborateur du chef vous informe qu'en matière administrative, les diplomates n'attendent pas d'être reçus. Dans le cas contraire, on assistera à un incident diplomatique grave. Le chef a eu la bonne idée de nous orienter "enfin enfin enfin" vers ses collaborateurs chargés de notre dossier pour poursuivre les travaux en binôme et aller vite.

« Le Chef a voyagé »

Par chance, les collaborateurs sont excellents et se rendent disponibles sans rendez-vous pour finaliser le dossier. Le dossier étant presque fini, on rappelle au téléphone un des collaborateurs pour avoir la suite du dossier, il nous informe que le chef a voyagé et que son intérimaire ne peut engager le ministère sur une question aussi délicate.

Plus tard, quand le chef est de retour, dans le cas de notre dossier il doit s'en remettre à l'assemblée nationale pour évoluer. Arrivé à l'Assemblée, il y a vote pour le départ du bureau actuel. Le nouveau bureau installé, on nous informe qu'il y a une motion pour le départ du bureau actuel car il y a une crise interne, certains députés n'ont pas signé les documents nécessaires pour la réception des jeeps.

Étant donné qu'on ne peut pas abandonner à cause des questions administratives internes, on passe à la vitesse supérieure pour écrire à la haute hiérarchie ;  Le courrier est reçu, cependant plusieurs semaines après aucun feedback : appels, messages, ou simple lettre d'accusé de réception. Même pas un message de regret exprimant le désintérêt de notre proposition. Au finish on ne sait pas s'il faut espérer à un partenariat ou pas.

Nous pensons introduire de nouveau le courrier, auprès de qui cette fois ? 

Ainsi se présente le calvaire de ceux qui suivent la voie formelle pour travailler avec les services publics. La voie informelle existe. 

Prendre un avion, s'annoncer et dire que la délégation vient d'un pays du nord et ensuite se faire accompagner de quelques caucasien même s'ils ne maîtrisent rien du dossier !

Avec ça, comment atteindra-t-on l'émergence? 

Debout congolais Unis par le sort  Unis dans l'effort pour l'indépendance  Dressons nos fronts,  Longtemps courbés  Et pour de bon prenons le plus bel élan.

Chantal Faida Activiste sociale