RDC : les cinq propositions du président du Conseil économique et social à mettre en place en urgence face aux enjeux du changement climatique

Jean-Pierre Kiwakana, président du CES
Jean-Pierre Kiwakana, président du CES

Le Conseil économique et social (CES) a clôturé, le mercredi 1er décembre, sa session d’octobre 2021. Au cours d’une cérémonie solennelle organisée dans la salle des spectacles du Palais du peuple, le président du CES, Jean-Pierre Kiwakana Kimayala, est revenu sur les maigres résultats issus de la COP-26 de Glasgow.

« Le pacte de Glasgow n'assure pas de contenir le réchauffement climatique à 1,5°C ni de répondre aux demandes d'aide des pays pauvres. Il ne comporte pas non plus de mécanismes de financement. Les grands pays pollueurs, non seulement refusent d’honorer leurs engagements contenus dans l’accord de Paris mais aussi continuent leur courbe ascendante d’émission des gaz à effet de serre, mettant en péril notre planète », s’est-il plaint.

Paraphrasant le président de la République, Félix Tshisekedi, qui a dit à Glasgow que « …le temps des projets pilotes est terminé. Nous ne devons plus attendre. Nous devons agir ensemble et vite », Jean-Pierre Kiwakana estime que la RDC, étant plus que jamais au cœur des enjeux climatiques, à la fois comme pays contributeur à la solution permettant d’espérer atténuer les causes des dérèglements climatiques, mais également comme victime devant faire face aux impacts de plus en plus sensibles de ces dérèglements, devrait préconiser la mise en œuvre des 5 mesures ci-après :

1. Mise en place urgente du conseil national de l'environnement piloté par le Premier Ministre (Art. 17, loi 2011 sur l'environnement) pour un pilotage transversal et efficace de la politique environnementale et climatique de la RDC

2. Affectation dès 2022 de 10 % du budget national à la riposte climatique : adaptation et atténuation ;

3. Mise en œuvre effective et transformatrice de 1 milliard d'arbres du Gouvernement, pour sortir 10 millions de congolais de la pauvreté ;

4. Mise en place d'une justice climatique et politique d'adaptation par et pour les femmes ;

5. Mise en place d'une politique nationale des emplois verts pour doter la jeunesse des moyens de bâtir l'économie inclusive durable.

Sur le chapitre de l’Economie et du Social, Jean-Pierre Kiwakana a soutenu qu’une bonne économie ne peut être que le résultat d’un bon système politique, lequel engendre de bonnes dispositions pour le social. « Qu’il s’agisse des recettes de l’Etat, de la production, de la fiscalité, des investissements, de la politique monétaire, de l’agriculture, du climat des affaires, etc., la volonté politique est une condition sine qua none de réussite. Cette volonté affichée aujourd’hui, doit se concrétiser dans les faits », estime le patron du CES.

Saluant la tenue à Kinshasa du 24 au 25 novembre dernier de « DRC-Africa Business Forum », Jean-Pierre Kiwakana note que c’est une belle illustration de cette volonté affichée du gouvernement de changer de paradigme dans le modèle économique de la RDC. “Parmi les options de la diversification qui s’offrent à la RDC en vue de capter davantage la valeur ajoutée et ainsi industrialiser l’économie congolaise, figure la production locale des batteries en lithium en lieu et place de l’exportation brute de minerais dont le lithium, qui comptait pour près de 85% des exportations enregistrées par notre pays en 2018. C’est au regard de cette possibilité que nous nous sommes lancés dans une série de réformes visant notamment à améliorer le climat des affaires et le cadre légal et réglementaire en vue de faire de notre pays une destination de premier choix pour les investissements de divers horizons.”

Par ailleurs, le président du CES a trouvé réconfortant de constater qu’aujourd’hui, les entreprises du portefeuille ne sont plus gérées comme des biens sans maîtres. Cependant, il est urgent, selon lui, d’auditer la capacité réelle qu’ont ces entreprises à répondre aux besoins ayant conduit à leur création et à en tirer toutes les conclusions qui s’imposent, aussi douloureuses soient-elles. « Si l’action de contrôle des entreprises du portefeuille a permis une embellie financière qu’il nous faut saluer, il ne faudrait pas perdre de vue la mission première de ces entités, qui est de rendre un service public. A la gabegie financière s’est greffée naturellement une dégradation affligeante de la qualité des services rendus », a-t-il dit.

Bilan de la session d’octobre 2021

Cette session d’octobre 2021 a connu une participation active et soutenue des huit commissions permanentes du CES ainsi que des experts et scientifiques venus d’horizons différents afin d’alimenter les échanges et de renforcer la capacité des Conseillers de la République dans les matières spécialisées. A cet effet, deux plénières ont été consacrées aux séances académiques sur le secteur de l’énergie e RDC autour des thématiques suivantes : 1. Accès pour tous à l’électricité en RDC (par CHINAMULA Vuningoma, Directeur Général de l’Agence Nationale de l’électrification et des Services énergétiques en milieux Rural et périurbain/ANSER) 2. Le potentiel énergétique de la RDC pour un développement propre et durable (par Ir Vincent Noël VIKA DI PANZU, Consultant Senior en Énergie.

Bien plus, le Conseil a organisé deux ateliers inter-institutionnels qui ont porté respectivement sur les personnes vivant avec handicap (cas du nanisme) et sur le Profil de la gouvernance en RDC. Le premier atelier a eu lieu au siège du CES le 28 octobre dernier avec la participation de la Ministre Déléguée près le Ministre des Affaires sociales, Actions humanitaires et Solidarité Nationale en charge des personnes vivant avec handicap et autres personnes vulnérables. Avec l’accompagnement du PNUD, le deuxième atelier a été organisé à Kinshasa/Gombe dans la salle des conférences de l’Hôtel Béatrice et portait sur le Profil de la gouvernance vertueuse en RDC. Il s’est étalé sur trois jours du 14 au 17 octobre avec à la fin l’adoption par les parties prenantes du Document final. Ce document fera l’objet d’un Avis que le CES élabore en ce moment, a déjà été soumis au comité de pilotage interinstitutionnel pour validation.

Au cours de cette même session ordinaire, le Conseil a procédé à l’harmonisation de son Règlement Intérieur qui a été formellement adopté. Il a également débattu en plénière sur les projets d’Avis concernant les thématiques suivantes : 1. Le Service National, un centre de formation en entrepreneuriat de jeunes bâtisseurs ; 2. Le plan général d’aménagement des grandes agglomérations de la RDC et perspective pour le changement de la cartographie de la capitale Kinshasa ; 3. L’Agroforesterie : système idoine d’exploitation agricole des sols en RDC.

DESKECO