RDC : six morts dans une répression policière contre les manifestations provoquées par le déguerpissement forcé engagé par Kibali Gold Mining à Durba

Bureau de la FEC Durba
Bureau de la FEC Durba

Six personnes ont été tuées par balles lors de la répression policière contre de vives manifestations vendredi 22 octobre dans la cité minière de Durba (Haut-Uele). Ces manifestations font suite à l’opération de destruction des maisons par la société minière Kibali Gold Mining. Selon les sources locales, la société démolit les maisons construites sur son site B où elle entend débuter l’exploitation des gisements d’or.

Plus de 60 maisons ont été démolies dans les quartiers Bandayi et Mege. Les victimes se plaignent de n’avoir pas été indemnisées.

« La population en colère est descendue dans la rue pour demander que justice soit faite étant donné qu'il n'y a pas dédommagement. Six de nos compatriotes sont morts car la police a tiré sur les manifestants. Nous ne savons pas à quel saint nous vouer, nos familles passent la nuit à la belle étoile depuis le début de l’opération de démolition sans préavis. Ils ont amené la police avec des ingénieurs pour détruire nos maisons sans pour autant nous sensibiliser ni nous dédommager. Nous appelons à une attention particulière du chef de l'État sur cette situation difficile que nous traversons », s’indigne l’une des victimes de démolition.

Selon des sources locales, Kibali Golg Mining avait déjà décaissé des fonds qui étaient mis à la disposition des autorités en vue d’indemniser les propriétaires des maisons spoliées. Mais ces fonds n’ont jamais été affectés à l’indemnisation.

« Kibali a animé ici une conférence de presse et a dit que l’argent a été mis à la disposition du gouvernement congolais. Kibali voulait qu’elle-même puisse délocaliser les personnes, conformément à la législation minière pour lui permettre de construire notamment le camp à ses travailleurs en vue de commencer l’exploitation. Dans ce sens, Kibali n’allait pas payer les redevances minières pendant un trimestre et cet argent devait financer la délocalisation des personnes visées par l’opération. Comme l’argent n’est plus traçable auprès des autorités, ces dernières ont envoyé les militaires avec un général pour déguerpir par force, et il y a eu résistance (…) Finalement l’ordre a été donné de Kinshasa pour qu’on déguerpisse les gens. C’est ce qui a provoqué des manifestations parce qu’il n’y a pas eu indemnisation », a expliqué à ACTUALITE.CD ce samedi une source locale.

Raul Sadi, directeur du social à Kibali Gold Mining n'a pas été joignable pour donner la version des faits de sa société.

Le député national Jean Marc Mambidi, élu du territoire de Watsa demande une enquête mixte afin d'établir les responsabilités dans cette opération qui a causé mort d’hommes. « Je condamne avec la dernière énergie ce qui s’est passé. Je ne suis pas d'accord avec la vitesse que les autorités ont prise pour cette opération avant qu'un consensus ne soit trouvé et voilà que nous avons enregistré des cas des morts et cela en présence de la délégation provinciale sous l'impulsion de Kibali Gold mines », a-t-il déploré.

Freddy Upar, à Bunia