RDC : le député Bialosuka rappelle l'urgence d'organiser le secteur de la pêche et qualifie de tricherie l'implication du ministre de l'économie dans l'accord avec la Namibie

Les pêcheurs sur le lac Edouard/Ph. ACTUALITE.CD

Le député national Jonathan Bialosuka Wata a, au cours d’une interview accordée à ACTUALITE.CD ce vendredi 22 octobre, rappelé au gouvernement l'urgence et la nécessité d'organiser le secteur de la pêche afin de devenir autonome en produits alimentaires notamment les poissons. Cet ancien ministre de la pêche et de l'élevage estime que le gouvernement devrait s'activer pour poursuivre des discussions déjà avancées avec le gouvernement namibien pour commencer à pêcher dans les eaux namibiennes.

Au regard des avancées obtenues sous son règne, il a rappelé qu'il fallait justement acheter le bateau de pêche et payer quelques frais administratifs pour le début de ladite pêche.

« Le gouvernement doit organiser le secteur de la pêche et de l'élevage. Ce secteur-là nécessite de gros investissements. Aujourd'hui, puisque nous parlons de la pêche, nous avons les lacs, nous avons l'océan, mais nous n'avons pas aujourd'hui la certitude de la quantité des stocks que nous avons dans nos lacs pour investir des gros moyens. Il faut d'abord faire des recherches, consentir si réellement nous avons des poissons, une production suffisante de nos lacs. Mais entre-temps, on a besoin que le marché soit approvisionné en produits alimentaires, l'application de la baisse des produits surgelés. C’est comme ça qu’à l'époque quand nous étions là nous avons négocié avec le gouvernement namibien, il y a un protocole d'accord que nous avons laissé sur la table qui devait être signé entre les deux parties pour que l'État congolais ait un quota de pêche dans les eaux namibiennes. Comme l'État lui-même ne pouvait pas le faire, il devait passer par une société qu'on appelle Société congolaise de la pêche puisque dans cette société, l'État congolais a des parts et cette société est bien installée au Congo, il manque seulement les outils comme le bateau de pêche pour qu'elle commence la pêche dans les eaux namibiennes. S'il a déjà ça, le reste c'est des frais administratifs qu'il nous faut payer, je ne pense qu'on avait besoin des millions à payer à la Namibie pour qu'on commence à pêcher dans les eaux namibiennes. L'argent qu'on devait dépenser, c'était pour acheter le bateau de pêche », a expliqué Jonathan Wata Bialosuka.

Il s'est aussi exprimé sur l'accord signé entre le gouvernement de la RDC via le ministère de l'économie nationale et la Namibie au sujet de la pêche sur les eaux namibiennes de 27.000 tonnes des poissons. L'ancien ministre de pêche et Élevage du gouvernement Ilunga Ilunkamba qualifie de tricherie l'implication de l'actuel ministre de l'économie nationale, Jean-Marie Kalumba Yuma dans ses négociations en s'appropriant des compétences du ministère de la pêche.

« Je peux tenter de dire que c'est une tricherie. C'est le secteur de la pêche qui devait piloter ce dossier-là. C'est la pêche qui a la maîtrise du dossier. C'est la pêche qui doit gérer avec la société mixte de l'État congolais le bateau qu'on devait acheter. Il n'était pas question d'aller verser les millions au gouvernement namibien pour commencer à pêcher dans les eaux namibiennes. Sinon c'est comme si on était parti acheter des poissons à la Namibie et là ça devient une importation or l'État congolais ne peut pas lui-même organiser l'importation des poissons. Je ne comprends pas ce que vient faire le ministère de l'économie, c'est le ministère de pêche qui devait piloter ce dossier et on l’avait déjà commencé (…) », a-t-il déploré.

Au cours de cet entretien, le ministre honoraire de pêche et élevage est revenu sur les différentes difficultés du secteur de pêche et élevage. Il renseigne que ces difficultés sont souvent à la base des arrestations répétitives des Congolais dans les eaux ougandaises.

« Le secteur de la pêche n'est pas organisé. Il n'y a pas de lois, il n'y a pas de réglementations. Nous avons laissé un projet de loi au niveau du gouvernement, il était question qu'on adopte ça en conseil des ministres et envoyé ça au parlement pour son adoption. Le secteur n'est pas réglementé. Vous allez vous rendre compte que chez nous au Congo on pêche du 01 janvier au 31 décembre, les poissons ne peuvent pas se reproduire en ce moment là puisqu'ils ont aussi un temps pour qu'on les laisse se reproduire. La troisième difficulté, c'est la pêche dans les zones des frayeurs, qui sont les zones dans lesquelles les poissons se cachent pour se reproduire encore. Nous, nos pêcheurs pêchent même dans les zones de frayeurs donc il ne faut pas s'attendre à une reproduction des poissons (…). La quatrième difficulté, c'est l'usage des filets prohibés. Nous utilisons même les moustiquaires, tout ce qu'il faut, on pêche même les alevins et quand vous pêchez les alevins, les poissons qui vont se reproduire viendront d'où ? », s'est-il interrogé.

Et de poursuivre :

« C'est ce qui justifie aujourd'hui l'arrestation des pêcheurs congolais. Chez nous, nous partageons les mêmes eaux avec la Namibie. Comment expliquer que l'Ouganda a encore des poissons que nous ne les ayons pas ? Les poissons, c'est comme un homme, s'il est en insécurité, il fuit, il va se réfugier là où il y a la sécurité. Quand ils sont pourchassés du 01 janvier au 31 décembre, ils sont pourchassés même dans les zones de frayeurs, ils cherchent à se réfugier même dans les eaux ougandaises, et c'est comme ça que nos pêcheurs n'ont plus de poissons ici. Ils sont obligés de traverser de l'autre côté et l'Ouganda ne peut pas les laisser faire. Voilà ce qui justifie souvent les arrestations régulières de nos pêcheurs ».

Au cours d’une réunion du comité de conjoncture économique tenue le 9 septembre dernier sous la direction du Premier ministre Sama Lukonde Kyenge, le gouvernement avait annoncé que des dispositions ont été prises pour arriver à la baisse effective des prix.

« Il faut également signaler que le Comité, sous le leadership du Premier ministre, s’est penché précisément sur la question des surgelés. A ce propos, le Premier ministre a donné des instructions pour que toutes les dispositions soient prises afin que d’ici à 6 semaines au maximum, le marché soit inondé de manière à permettre effectivement la baisse des prix comme il a été convenu. A cet effet, le ministre de l’économie a été instruit de prendre des dispositions de manière à permettre également l'accès au marché d'importation aux importateurs congolais afin de permettre que les prix soient abordables d’ici à la fin de l’année », avait déclaré Christian Mwando Nsimba Kabulo, ministre du Plan dans son compte rendu.

Clément MUAMBA