Meurtre des experts : les avocats du Kasaï Central suspendent leurs prestations devant les juridictions et offices militaires en signe de protestation contre la détention d'un de leurs

Procès du meurtre des experts de l'ONU à Kananga/Ph ACTUALITE.CD

Les avocats du barreau du Kasaï Central ont décidé de suspendre leurs prestations devant les juridictions et offices militaires à compter de ce jeudi 14 octobre 2021, peut-on lire dans une lettre du bâtonnier Christophe Kawaya adressée au premier président de la haute cour de l'ex Kasaï Occidental.

Une décision qui fait suite à la détention prolongée de l’avocat Kamalu Prosper convoquée par la cour militaire pour témoigner en rapport avec la vidéo du meurtre des experts de l’ONU qu’il possédait.

« Le conseil de l'ordre constate avec regret que la demande de mise en liberté provisoire en faveur du confrère Kamalu Prosper n'a connu ni traitement ni suite », écrit le bâtonnier Kawaya.

Pour le conseil, l’avocat Kamalu Prosper, « renseignant de seconde main ne pouvait pas être détenu en tant que tel, la procédure ne prévoyant pas la détention d'un renseignant ».

Le bâtonnier Christophe Kawaya relève à travers sa lettre un manque de collaboration entre certains acteurs de la justice militaire de l'ex Kasaï Occidental et le barreau par le simple fait que l'avocat Kamalu s'était présenté volontairement devant le magistrat instructeur accompagné par son bâtonnier mais « a été curieusement détenu en présence de ce dernier ».

Tout en fustigeant ce qu'il considère comme tortures morales dont est victime l'avocat Kamalu, le bâtonnier Kawaya conclut sa lettre par une décision.

« Le barreau du Kasaï Central partenaire privilégié de la justice militaire se sentant humilié par ces agissements en marge de la loi et de l'Etat de droit prôné par le Président de la République, décide de suspendre la prestation de tous ses avocats devant les juridictions et offices militaires de l'ex Kasaï Occidental jusqu'à la libération sans condition de son membre, victime d'une arrestation arbitraire ».

La première conséquence de cette décision a été enregistrée ce jeudi 14 octobre. L'audience prévue dans le cadre du procès sur le meurtre des experts onusiens n'a pas eu lieu.

Pour rappel, Me Prosper Kamalu fait partie de quatre personnes dont deux journalistes arrêtées par la justice militaire pour avoir été en possession de la vidéo du meurtre des experts. L'une de quatre personnes, le journaliste Sosthène Kambidi a lui bénéficié de la liberté provisoire mardi dernier.