Butembo : Les Infirmiers menacent d’entrer en grève pour réclamer leurs primes de risque et la sécurité

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les infirmiers membres de l’Intersyndicale des infirmiers de Butembo (Nord-Kivu) menacent d’entrer en grève pour réclamer le payement de leurs primes de risque. Au cours d’une Assemblée générale tenue ce dimanche 2 Juin, ils ont fustigé la marginalisation dont ils s’estiment victimes.`

«Nous fustigeons la marginalisation des professionnels de santé autres que les médecins et chirurgiens-dentistes à Butembo. Là, nous parlons des infirmiers, laborantins et sages-femmes qui sont abandonnés. Nos secrétaires généraux viennent de lancer (à Kinshasa) aux autorités de tutelle un ultimatum de sept jours pour que la question de nos primes de risque soit réglée. Faute de quoi nous allons déclencher un mouvement de grève sèche, nous allons observer des journées "hôpitaux sans infirmiers"», a prévenu M. Kambale Vake Okelo, président de l’Intersyndicale des infirmiers, Pool de Butembo, révélant à la presse les  résolutions de l’AG.

Les disciples de Florence dénoncent le non-paiement de leurs primes de risque, alors qu’ils travaillent ce dernier temps dans des conditions "difficiles".

«Les membres (de l’Intersyndicale, Ndlr) sont désolés de constater qu’en dépit des recommandations et suggestions émises dans notre mémorandum (adressé aux autorités), la question semble ne pas attirer leur attention. Nous allons voir l’autorité urbaine, et en cas de non satisfaction, nous allons déclencher une grève sèche», dénonce  M. Kambale Vake Okelo.

Des activités préventives demeurent suspendues

Au-delà du non payement de leurs primes de risque, les infirmiers ont également fustigé des attaques et violences dont ils continuent à être victimes de la part des populations suite à leur engagement  dans la riposte contre la maladie à virus Ébola qui a déjà fait des centaines de morts. Ainsi, ont-ils décidé de maintenir la suspension des activités de prévention, notamment la Consultation prénatale (CPN), la consultation préscolaire (CPS) ainsi que les vaccinations de routine, comme il en est le cas depuis près de trois mois maintenant en ville de Butembo.

«Le maire (de Butembo, Ndlr) a sollicité qu’on organise un service minimum de CPN, CPS ainsi que les vaccinations de routine. Mais nous n’allons pas les amorcer, d’autant plus que les habitants qui les réclament sont les mêmes qui continuent à garder les malintentionnés qui nous menacent. Aujourd’hui, certains infirmiers titulaires ne dorment plus chez eux, ils n’arrivent plus dans leurs centres de santé, craignant pour leur sécurité. Certains frigos (qui permettent la conservation des vaccins, Ndlr) ont été endommagés, des centres de santé incendiés : où est-ce qu’on va tenir les séances de CPN, de CPS ou de vaccination ? Où est-ce qu’on va trouver les intrants que nous utilisons pendant la vaccination ? Nous maintenons donc la suspension des activités de prévention en attendant que l’autorité urbaine puisse convoquer un cadre d’échange pour qu’on établisse les responsabilités», indique M. Kambale Vake Okelo.

Signalons que suite à cette mesure des infirmiers de suspendre les activités de prévention, près de 2 500 enfants nés depuis le mois de mars n’ont pas encore été vaccinés contre la rougeole, la tuberculose, la poliomyélite et beaucoup d’autres maladies en ville de Butembo.

Lundi 27 Juin dernier, craignant pour la santé de leurs enfants, plus d’une dizaine des femmes allaitantes sont allés manifester à la mairie de Butembo pour réclamer le vaccin.

« Nous réclamons le vaccin pour nos enfants.  Nous venons de l’hôpital Matanda ; là on nous a dit que le vaccin est disponible mais nous ne l’aurons pas parce que nos maris sont des bandits et que ce sont eux qui sont en train de s’en prendre aux infirmiers et détruire des structures sanitaires. Alors nous demandons  au maire d’intervenir pour que nos enfants soient vaccinés », déclarait à la presse l’une d’elles, indiquant qu’il y a déjà «certains enfants qui souffrent de la toux faute de vaccin».

Il y a plus de deux semaines, les femmes sont allées échanger sur le même dossier avec l’autorité urbaine, mais sans suite favorable. Les infirmiers recommandent à l'autorité d'organiser un dialogue social avec les communautés pour établir  les responsabilités, en vue de contenir la résistance ainsi que les attaques armées contre leurs collègues.

 

Claude Sengenya, à Butembo