Florentin Mokonda: “le Congo n’appartient pas qu’à Kabila et Tshisekedi"

A 16 jours de la fin constitutionnelle du dernier mandat de Joseph Kabila, certains acteurs politiques plaident pour un tête-à-tête Kabila/Tshisekedi pour résoudre la crise politique que traverse le pays. Dans son communiqué publié ce 2 décembre 2016 a l’issu de sa mission de bons offices, la CENCO  a également réitéré l’appel à une rencontre entre la Majorité et le Rassemblement.

<span style="font-weight: 400;">Interrogé à ce sujet par ACTUALITE.CD, le sénateur Florentin Mokonda Banza a estimé qu’une telle rencontre ne viendrait que confirmer l’existence des accords secrets entre le pouvoir et l’Udps. Tout en reconnaissant la valeur de ces deux personnalités, Florentin Mokonda réclame la prise en compte de toute la population congolaise au cas où une telle rencontre se concrétise.</span>

Lors de son intervention sur la VOA, Kikaya Bin Karubi n’a pas exclu un tête-à-tête Kabila/Tshisekedi pour trouver une issue à la crise. Qu’en pensez-vous ?
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-95" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="95"><em>Personnellement je pense qu’une telle rencontre est toujours envisageable. Surtout qu’il existe des antécédents. Depuis 2015 il y avait déjà plusieurs négociations entre l’Udps et le pouvoir. Il y a aussi des accords écrits qui ont été signés. Si aujourd’hui on apprend que le Président Kabila reçoit le Président Tshisekedi, ça ne sera pas étonnant. Ça viendrait confirmer les accords qui existent déjà depuis plusieurs mois.</em></blockquote>
Cette rencontre ne va-telle pas remettre en compte l’accord politique signé à la cité de l’Union Africaine ?
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-95" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="95"><em>Faire et défaire c’est toujours travailler. Il y a eu cet accord de l’Union Africaine. Il s’est justifié dans la mesure où il fallait trouver une solution au chaos qui était prévisible le 20 décembre prochain si jamais les uns et les autres ne se mettaient pas autours d’une table pour discuter du fait que le gouvernement n’a pas voulu organiser les élection. Voilà pourquoi il fallait se retrouver à la cité de l’Union Africaine pour en discuter. Mais on ne peut pas prétendre que cet accord soit parfait. Ce qu’il faut éviter c’est le fait qu’on en fasse une affaire entre deux personnalités, Kabila et Tshisekedi et donner l’impression que le Congo leur appartient et que les autres congolais n’ont plus rien à dire. Il ne faudrait pas tomber dans l’erreur du passée à l’époque du Zaïre où l’on croyait que le pays appartenait soit au Président Mobutu, soit au Président Tshisekedi de l’UDPS. Le Congo appartient à tout le monde. </em></blockquote>
Donc le sort du 19 décembre dépend de la rencontre entre Kabila et Tshisekedi ?
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-95" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="95"><em>Si on peut voir le problème de cette manière ce n’est pas mauvais parce que certains veulent  mettre de l’huile sur le feu, d’autres se sont organisés pour éviter cela. Je crois qu’il faut éviter que le sang des congolais ne soit versé. Si l’on peut trouver une solution satisfaisante pas seulement pour Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi, ce n’est pas mauvais. Il faut inclure tous les congolais dans l’approche qui sera trouvée.</em></blockquote>
Donc on s’achemine vers la mise en place du régime spécial
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-95" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="95"><em>Régime spécial ça veut dire que la constitution n’existe plus. Si vous décidez de nommer un Vice-président de la République vous serez obligés de modifier la constitution. Or tout le monde parle du respect de la Constitution. Le Rassemblement ne jure que par le respect de la Constitution. L’accord signé à la cité de l’Union Africaine a également insisté sur le respect de la Constitution.  Si vous mettez en place un régime spécial vous foulez aux pieds la Constitution.</em></blockquote>
Que proposez-vous dans ce cas ?
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-95" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="95"><em>Nous devons respecter la Constitution. Si nous nous engageons pour que le Président Kabila reste là jusqu’à la tenue des élections comme c’était déjà fait à la cité de l’Union qui a emboîté le pas de ce que l’Udps avait déjà conclu secrètement avec le pouvoir, Kabila restera là. C’est un accord politique qui ne doit pas mettre en mal la constitution. </em></blockquote>
Il y en a qui propose la mise à l’écart de la constitution dans le cadre de la transition
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-95" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="95"><em>Je ne suis pas d’accord avec cette idée. On sera obligé de rédiger une nouvelle constitution. Et là nous allons justement faire ce que Kabila voulait faire : rédiger une nouvelle constitution. Selon la constitution et les différents accords conclus, Kabila restera au pouvoir après le 19 décembre, mais il faut réduire la durée de la transition.</em></blockquote>
Interview réalisée par Rachel Kitsita