L'actualité de la semaine vue par Ruth Zadi Pukuta

Photo/ Droits tiers
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De la nomination de Judith Suminwa au poste de 1er ministre au briefing presse sur la masculinité positive en RDC, en passant par le lancement de l'opération Panthère noire. La semaine qui vient de s'achever a été riche en actualités. Retour sur chacun des faits marquants avec Ruth Zadi Pukuta.

Merci de nous accorder de votre temps, madame Ruth Zadi Pukuta. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous ?

Ruth Zadi Pukuta Je suis avocate, présidente du collectif Buania, qui est un centre spécialisé dans la valorisation du capital humain. Je dirige également Ndaya Fondation, dont la mission est d'accompagner les étudiants nationaux et internationaux dans le processus d'obtention de bourses d'études, d'admission dans les universités, de formation professionnelle, d'orientation des jeunes, de formation aux métiers. Je suis également entrepreneure dans les domaines de l'agroalimentaire, de la pisciculture et de l'élevage.

Pour la 1ère fois, la RDC vient d'avoir une femme 1er ministre. Comment avez-vous accueilli la nouvelle ?

Ruth Zadi Pukuta : c'est un moment historique pour le pays et un pas important vers l'égalité des genres dans la vie politique. La nomination de Mme Suminwa est un signe d'espoir pour les femmes congolaises et l'ensemble du pays. J'espère qu'elle pourra apporter des changements positifs et contribuer au développement et à la paix en RDC.

Qu'avez-vous pensé de son tout premier discours en tant que chef du gouvernement ?

Ruth Zadi Pukuta : j'ai accueilli son premier discours avec enthousiasme et espoir. Elle a conscience de l'ampleur des défis qui l'attendent, ce qui montre sa détermination à faire face aux problèmes du pays. Je suis convaincue qu'en tant que première femme à occuper ce poste, elle apportera un nouveau souffle et des perspectives différentes dans la gouvernance de la RDC. 

Au cours d'une matinée politique, Augustin Kabuya a accusé Joseph Kabila de soutenir l'agression rwandaise. Que pensez-vous de ses allégations​​​​​​​​​​​​​​ 

Ruth Zadi Pukuta : monsieur Kabuya ne peut pas faire de telles allégations sans preuves concrètes. Accuser M. Kabila de complicité avec le Rwanda est une accusation grave qui nécessite des preuves solides pour être crédible. 

Toujours dans ce cadre, le cardinal Ambongo a, lors de la messe pascale, dénoncé l'insouciance des autorités face à l'activisme rebelle du M23 sur fond d'actes qui fragilisent le pays. Que pensez-vous de ces propos ?

Ruth Zadi Pukuta Il est important de noter que la situation sécuritaire dans l'Est de la RDC se détériore en raison de plusieurs réalités que je ne saurais énumérer. Cependant, les autorités congolaises sont confrontées à des défis pour assurer la sécurité et l'intégrité territoriale du pays. Ce qui est sûr, la communauté internationale a une part de responsabilité dans ce qui se passe.

Lors d'un briefing presse, le ministre de la Communication Patrick Muyaya a appelé le cardinal Ambongo à clarifier ses propos qui tentaient de justifier les adhésions à la rébellion alliée aux terroristes du M23. Comment voyez-vous cette prise de position ?

Ruth Zadi Pukuta : il est logique que le cardinal précise ses propos pour éviter toute interprétation erronée et lui faire dire ce qu'il n'a pas dit. Ceci permettrait d'éviter que les ennemis de la nation puissent penser qu'ils ont le soutien du cardinal ou que les autres le traitent de complice du mal. 

Le VPM de l'intérieur, Peter Kazadi, a, dans une note d'information, annoncé le lancement d'une nouvelle opération Panthère noire pour lutter contre le banditisme et la criminalité en RDC. Comment voyez-vous l'issue de cette opération ?

Ruth Zadi Pukuta : je n'aime pas les opérations de façades menées par le VPM de l'intérieur. Néanmoins, j'espère que cette fois-ci, il ne s'agit pas de la cosmétique et qu'il y aura des résultats palpables sur le terrain.

Les élections des gouverneurs des provinces et leurs vices sont prévues le 29 avril 2024. Quel peut être le portrait-robot du gouverneur de Kinshasa et de son vice, selon vous ?

Ruth Zadi Pukuta : S'il est possible de se baser sur les attentes générales de la société civile pour décrire les qualités et les compétences souhaitées pour ces postes, je dirai que le gouverneur et son vice devraient avoir une expérience solide dans la gestion de grands projets, tant dans le secteur privé que public. Ils devraient avoir une bonne connaissance des enjeux spécifiques de Kinshasa, tels que l'aménagement du territoire, la gestion de la démographie, l'urbanisme et les infrastructures, la sécurité, les transports, l'entrepreneuriat et les nouvelles technologies.

Firmin Mvonde a fait libérer, mercredi 03 avril, 94 détenus supplémentaires de la prison centrale de Makala. Le total de prisonniers libérés est de 273 depuis jeudi dernier. Que pensez-vous de ces opérations de désengorgement des prisons ?

Ruth Zadi Pukuta : ces opérations sont une mesure positive pour faire face à la surpopulation carcérale. Elles permettent de réduire la pression sur les établissements pénitentiaires et d'améliorer les conditions de détention. Cependant, il est important de veiller à ce que les critères de libération soient justes et équitables, en s'assurant que seuls les détenus éligibles à une remise en liberté sont libérés. 

Quelques heures après son investiture, Bassirou Diomaye Faye a nommé son premier ministre en la personne d'Ousmane Sonko. Comment avez-vous accueilli ceci ?

Ruth Zadi Pukuta : cette rapidité dans la nomination laisse à croire que tout était déjà bien planifié. Mais la décision reste intéressante, car Ousmane Sonko est une figure de l'opposition populaire et un de ses alliés qui l'a propulsé sur la scène politique sénégalaise.

Face à un manque d'hommes pour faire face à l'invasion russe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a signé un projet de loi prévoyant l'abaissement de l'âge de la mobilisation militaire à 25 ans. Comment évaluez-vous cette stratégie ?

Ruth Zadi Pukuta : cette décision vise à renforcer les capacités défensives de l'armée ukrainienne face à l'invasion russe. Stratégiquement parlant, c'est une bonne décision, mais elle ruine socialement le pays et, au final, c'est le peuple qui en souffre.

Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka