RDC: « la guerre de l’AFDL a été une sorte de camouflage du recyclage de la guerre rwando-rwandaise »

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17 mai 1997. Ce jour-là. Les troupes de l’AFDL entrent dans la capitale zaïroise. Les Kadogos paradent fièrement dans les rues de Kinshasa applaudis par les kinois qui se « voient » libérés du régime de Mobutu. Le temps d’un instant, ils ferment les yeux sur ces rwandais et ougandais présents dans leur ville. Ils sont méfiants vis-à-vis de ces gens qui ne parlent pas un mot du lingala, mais ils ne le disent pas tout haut. Les jours qui suivront seront déterminants. Les fouets sont de sortie. Certains ex-Faz sont humiliés en public et la méfiance entre les kinois et ces soldats étrangers ne fait que s’accentuer. De plus, aucun plan de départ de ces armées n’est annoncé et les questions se posent de plus en plus sur les projets rwando-ougandais en RDC. 

Dans son ouvrage « Brève histoire du Congo: des origines à la RDC » paru chez Médiaspaul, Isidore Ndaywel è Nziem offre quelques clés. Il explique comment la question de la « poudrière du Kivu » n’avait pas été prise au sérieux par les organisateurs de la Conférence nationale souveraine (CNS). Plus loin, il parle du transfert de la guerre rwando-rwandaise, de la rive droite du lac Kivu: « la recherche par l’APR d’un moyen d’exercer son droit de poursuite de l’ennemi pour l’anéantir et l’empêcher d’organiser la contre-attaque ». L’historien évoque aussi la volonté du démocrate Bill Clinton de miser sur l’avènement d’une nouvelle génération des leaders africains. 

« La guerre de l’AFDL a été une sorte de camouflage du recyclage de la guerre rwando-rwandaise. Le Rwanda de Kagame vainqueur a voulu poursuivre le Rwanda de Habyarimana vaincu. Il fallait donner à cela une couverture congolaise. Laurent-désiré Kabila a été mis en avant plan pour mener cette action y inscrit son propre agenda. Il y a eu deux agendas concomitants. L’agenda soit disant congolais et l’agenda fondamental rwandais », précise-il dans un entretien avec ACTUALITE.CD

De ce fait, le sort de Laurent-Désiré Kabila était presque connu.

« Le problème de Laurent Kabila a commencé précisément le 17 mai parce qu’il a effectué un premier coup de force en se déclarant chef de l’Etat alors que ses paraisons n’avaient probablement pas prévu cela. Une politique du fait accompli pour tenter de congoliser l’opération. Le 2 août 1998, il prend la décision de renvoyer unilatéralement tous les mercenaires rwandais et ougandais. Une opération à malin et malin et demi».

Dans ce magnifique ouvrage de 318 pages, il explique également comment et pourquoi le RCD et leurs parrains étrangers n’ont pas eu le même destin que l’AFDL.

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