RDC : dans ses titres H2O et Toko bosana te, le slameur Ben Kamuntu rend hommage à Luc Nkulula et aux victimes des bavures policières de 2015 à 2018

La police lors des manifestations de Lamuka contre Malonda/Ph. ACTUALITE.CD

Dans son album intitulé « Vis », sorti fin décembre 2021, l’artiste slameur de Goma, Ben Kamuntu, a sorti deux morceaux qui rendent hommage aux victimes des bavures policières durant la période allant de 2015 à 2018 en RDC. Dans son titre H20, l’accent est particulièrement mis sur le militant du mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA), Luc Nkulula. Ce dernier est décédé dans la nuit du 9 au 10 juin 2018 après que sa maison a été incendiée.

« Luc, c’est un modèle, c’est une personne ordinaire qui a su se battre pour des idéaux plus grands que sa propre personne. Il reste pour moi une icône de la lutte non violente et surtout de cette capacité d’exigibilité de la population envers ses dirigeants. La lutte continue, il a fait sa part. Il nous a été brutalement arraché mais son aura continue à inspirer des milliers de personnes », a dit Ben Kamuntu à ACTUALITÉ.CD.

Le morceau H2O est comme une sorte de conversation entre l’artiste et le militant. Quelques propos de Luc alternent avec ceux de l’artiste, histoire de résorber ces idées et de rendre hommage à la lutte de ce militant, sa bravoure, son courage. Lorsque Joseph Kabila  a reçu, à Goma, 47 jeunes de la Lucha, Luc Nkulula était le principal orateur du mouvement citoyen lors des discussions.

Plusieurs fois arrêté, Luc était licencié en droit de l’Université de Goma. Avant son inhumation, ses compagnons de lutte l’ont élevé à titre posthume au rang de Héros du peuple. Un prix dénommé « prix du courage Luc Nkulula » a été créé à l’occasion. Il est décerné chaque 18 octobre aux jeunes qui se démarquent par leur courage dans la vie active.

Toko bosana te, un titre, un devoir de mémoire

Dans « Toko bosana te », l’artiste fait un rappel des faits des situations difficiles qui ont caractérisé la vie sociale de la population pendant ces derniers instants avant le départ de Joseph Kabila de la présidence de la République. Les atrocités à l’Est du pays, les accords politiques, l’interruption des signaux des chaines de télévision et radios, d’Internet et bien d’autres.

Ben a voulu rendre hommage à toutes ces personnes mais aussi commémorer leurs vies. Elles qui ont péri, dit-il, parce qu’elles ont cru à un Congo de justice, à un Congo de démocratie, un Congo où le peuple peut choisir librement ses propres dirigeants.

« Toko bosana te, c’est un slam de mémoire. Un peuple se nourrit de son passé, il en tire des leçons. Le passé glorieux ou douloureux. La période allant de 2015 à 2018, nous ne devons pas l’oublier. Ce slam est un manifeste à la construction de la mémoire collective, si nous oublions d’où nous venons, nous aurons la difficulté d’en tirer des leçons et de corriger dans le présent pour un avenir radieux », a-t-il ajouté.

Il n’a pas manqué de citer des noms d’autres victimes aussi bien dans la partie Est que sur toute l’étendue du pays, tels que Thérèse Kapangala, Rossy Mukendi, Mamadou Ndala ou Floribert Chebeya.

Au sujet de l’activiste Rossy Mukendi, la cour militaire de Kinshasa/Matete a rendu son arrêt lundi 10 janvier dernier. Le commissaire supérieur adjoint, Carine Lokeso, a écopé de « la servitude pénale à perpétuité assortie de 10 ans de sûreté incompressible pour meurtre de Rossy Mukendi. Elle est également condamnée à 10 ans de servitude pénale pour violation des consignes ».

Emmanuel Kuzamba