Kinshasa : parution de la bande dessinée « Non = Non », un soutien à la lutte contre le harcèlement sexuel

Bande dessinée Non=non
Ph. ACTUALITE.CD

La bande dessinée dénommée « Non = Non » a vu le jour samedi 27 novembre dernier à Kinshasa. Elle vient ajouter une pierre à l’édifice à propos de la lutte contre le harcèlement sexuel dont sont victimes les femmes à tous les niveaux : scolaire, académique ou professionnel. C’est déjà le combat de l’ONG « Mille et un espoirs », qui a organisé l’événement, et qui est membre du mouvement « Ekoki, Inatosha », dirigé par Marie-José Ifoku.

L’unique femme candidate Président de la République aux élections de 2018 en RDC a indiqué que la bande dessinée va contribuer à faire comprendre aux jeunes filles ce qu’elles sont.

« C’est un combat que nous menons tous, peut-être sans oser s’exposer. Mais nous sentons de plus en plus que les femmes se lèvent et que ça les concerne, ça concerne leurs jeunes filles et nous ne pouvons pas continuer à nous taire, raison pour laquelle nous devons dénoncer. Et c’est ainsi qu’en écrivant cette bande dessinée qui peut sensibiliser les jeunes filles à comprendre qui elles sont, à comprendre leurs droits et à pouvoir dénoncer, c’est pourquoi nous sommes venus encourager cette activité parce que ça concerne la jeune fille, nous avons déjà commencé le combat contre la violence faite à la femme », a-t-elle dit.

L’œuvre produite, réalisée et scénarisée par Bob Moussa, raconte trois histoires différentes. Trois exemples illustrés des conséquences qui adviendraient sur les femmes si elles acceptaient ou si elles refusaient de succomber aux harcèlements. La première est celle d’une jeune écolière qui est harcelée par son professeur qui avait l’habitude de le faire avec d’autres enfants également, cette fois-là, il est tombé sur une jeune fille qui était naïve, mineure, prête à y aller mais sans se rendre compte du piège qui était tendu. Le réceptionniste de l’hôtel, remarquant qu’il s’agissait d’une mineure, a contacté la police.

La deuxième histoire est celle d’une jeune employée amie avec son collègue qui a été licencié par son patron parce que dérangé par cette amitié, le patron voulant la jeune employée. La troisième histoire est celle d’une jeune étudiante harcelée par son professeur et qui a cédé mais pour une suite renversante.

Caroline Pindi, Présidente de l’ONG « Mille et un espoir », a affirmé avoir été, elle-même, victime de harcèlement sexuel dans son cursus scolaire, académique ou professionnel. Et qu’elle s’est forgée pour aller au-delà de cela, d’être plus forte. Elle encourage aussi la lutte pour cette cause que la lecture de la bande dessinée.

« Pour moi, la bande dessinée, c’est une façon de militer pour cette cause là, mais aussi pour édifier les jeunes à la lecture parce qu’aujourd’hui avec l’avènement des réseaux sociaux, beaucoup de jeunes sont dans leurs téléphones, les jeunes sont dans le digital. Très peu lisent encore. Moi, je pense qu’un esprit qui ne lit pas, c’est comme un corps qui ne mange pas, il faut lire pour nourrir son esprit », a-t-elle dit.

Elle a reconnu que la bande dessinée n’est pas suffisante parce que ces déviances se sont installées mais elle se dit qu’avec les actions qu’en cours tous les jours, c’est le début d’une longue série, c’est un moyen utilisé pour sensibiliser la population sur cette question.

« Non = Non » est consacrée aux harcèlements sexuels mais il y a d’autres œuvres qui seront publiées et qui aborderont la question des femmes dans d’autres compartiments. Une BD est notamment en cours pour vulgariser les accords de Maputo sur la santé reproductive de la femme. Plusieurs séries de bande dessinée sont en train d’être aménagées pour dire haut ce que beaucoup ont caché pendant longtemps. Une femme sur 3 a abusée dans le monde, a en croire certains chiffres. Ce sera donc pour dénoncer, faire comprendre, accompagner, aider les jeunes surtout à propos de cette situation.

Emmanuel Kuzamba