Femmes, Leaders, Influenceuses : quand la violence s’invite dans le couple, comment s’y prendre ? 

Photo/ Droits tiers
Photo/ Droits tiers

L’Organisation Mondiale de la santé décrit la violence conjugale comme tout acte de violence au sein d'une relation intime qui cause un préjudice ou des souffrances physiques, psychologiques ou sexuelles aux personnes qui en font partie. Ceci dit, elles n’épargnent aucun individu. Face à ses responsabilités en société, comment gérer ce genre de situation ? Ally Ndjukendi, psychiatre au CNPP donne des précisions. 

« Les violences conjugales n’épargnent pas les femmes, sur base de leur statut social. La plupart sont dépendantes de leurs époux et subissent des violences conjugales », souligne Ally ndjukendi. 

Et d’ajouter, « Le grand problème à ce stade est en premier lieu d’avoir le courage de dénoncer ces violences. A cause du poids social qu’elles portent, la plupart des femmes leaders ne dénoncent pas ces actes. La femme tient à son couple, elle veut maintenir la relation mais elle n’a pas la possibilité de changer le comportement de son mari.  Elle prend le temps d’analyser les répercussions sur sa personnalité, ses projets, sa société et tout cela représente un danger ». 

Même sans être leader, les femmes ont beaucoup de difficulté à dénoncer les violences dont elles sont victimes, reconnait le médecin, qui précise aussi que lors des consultations au sujet d’un quelconque signe de violence , soit elle refuse de dire dans quelle circonstance cela s'est produit, soit elle accepte difficilement qu’il s’agit d’une violence qu’elle aurait subie de la part de son partenaire.  

 « Un duo masochiste et sadique »

Dans l’analyse des cas, le psychiatre confie avoir découvert des couples composés à la fois d’un masochiste et d’un sadique. « Dans nos analyses, nous avons identifié le terrain. Qu’est ce qui fait qu’une femme, mariée ou non, décide de partir à la première gifle alors qu’une autre persiste dans la relation malgré les coups et blessures dont elle est victime ? Cela dénote du trait de personnalité de chacune. Il se trouve donc que le masochiste trouve du plaisir dans la souffrance alors que le sadique trouve du plaisir en faisant souffrir l’autre. Si un couple est composé à la fois d’une sadique et d’un masochiste, ils sont tous les deux malades et doivent se faire soigner psychologiquement car si cela n’a pas d’impact sur la vie sexuelle, il peut en avoir dans un autre domaine, » explique le Dr. Ndjukendi 

Des éléments à prendre en compte

En RDC, il n’existe pas encore un cadre légal spécifique portant sur les violences conjugales. Cependant, le médecin appelle à considérer notamment le code pénal congolais qui aborde la question des coups et blessures.  

« Le protocole de prise en charge des victimes des violences sexuelles peut aussi être adapté à ce type de cas au niveau de la prise en charge psychologique. Aussi, que l’on soit dans la vie conjugale ou non, les coups et blessures volontaires sont punissables par la loi. Au-delà de ce cadre légal, il faudrait que les victimes prennent suffisamment de courage pour dénoncer et accepter d’être soumis à un accompagnement psycho-thérapeutique ou psycho-social. Il faut également dénicher le trait de personnalité de chaque individu par rapport à ses émotions et réactions»  conclut Ally Ndjukendi. 

Par ailleurs, on compte parmi les conséquences de ces violences, des problèmes de santé physique, mentale, sexuelle, reproductive chez les femmes victimes qui peuvent accroître leur vulnérabilité au VIH. Les estimations de la prévalence varient de 23,2% dans les pays à revenu élevé et de 24,6% dans la Région du Pacifique occidental, 37% dans la Région de la Méditerranée orientale et 37,7% dans la Région de l’Asie du Sud Est. Dans le monde, pas moins de 38% de l’ensemble des meurtres de femmes sont commis par leur partenaire intime.

Relire : Violences conjugales : raisons et étapes qui conduisent à l’irréversibilité

Prisca Lokale