RDC: l'observatoire Sarw publie un rapport "interpellateur" sur l'exploitation du diamant du Kasaï-Oriental

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Les panelistes de la présentation du rapport "A qui profite le Diamant du Kasaï-Oriental ?"

L'Observatoire Southern Africa Resource Watch (Sarw) a présenté, ce mardi 26 octobre 2021 à Kinshasa, un rapport intitulé "A qui profite le Diamant du Kasaï-Oriental ?".

Pour Me Georges Bokundu Mukuli, Directeur de Sarw, ce rapport ouvre un débat en interpellant le Gouvernement sur la valorisation du secteur du diamant avec lequel beaucoup de pays se sont développés.

"Ce genre d'études, nous ne l'avons pas seulement ici en RDC mais aussi en Afrique australe, en Namibie et au Zimbabwe, au Malawi et en Afrique du Sud. Nous voulons avoir une idée sur la gouvernance d'autres minerais. Dans d'autres pays, on a pris par exemple l'or. Ici on a déjà fait pour la cobalt. Mais on voulait quand-même pour le diamant. 10 ans après notre première étude. Et nous avons constaté que beaucoup d'organisations et le gouvernement ne parlent que de cobalt, du cuivre, de coltan etc alors que le diamant faisait de notre pays ce qu'on appelait Mbuji-Mayi, capitale mondiale du diamant. Nous avons perdu le leadership. Nous voulons susciter le débat pour que l'Etat prenne conscience de faire de ce minerai là, un autre minerai stratégique. Parce que n'oubliez pas qu'un pays comme le Botswana a développé son économie avec le diamant. Toute la chaîne est faite au Botswana. Pourquoi pas le Congo ?

A qui profite vraiment le diamant du Kasaï-Oriental ?

Dans ce rapport, Sarw démontre que l'État congolais a failli pour relancer les activités de la MIBA. Les dispositions du code minier ne sont pas appliquées mais aussi la fraude minières ainsi que le phénomène"Suicidaire", (des bandits armés qui font la loi en complicité avec certains leaders politiques et dirigeants de la MIBA) font rage.

En clair, les diamants du Kasaï-Oriental ne profitent ni à l'État, ni à la MIBA, ni à la population congolaise. 

Certains panélistes notamment Me Jean-Claude Katende, dans une certaine mesure, pensent que le diamant du Kasaï-Oriental profitent à tout le monde s'il y a des impôts et taxes qui sont payés et versés dans le compte du trésor public.

Par ailleurs, le rapport reconnaît que le secteur artisanal de l'exploitation du diamant offre de l'emploi à un grand nombre mais il est mal organisé et sans avenir dans l'absence d'une formalisation accélérée.

Pour ce faire, Sarw a recommandé :

  • L'Etat congolais devra promouvoir le secteur de diamant, industriel et artisanal, en créant une industrie de transformation locale pour obtenir la valeur ajoutée localement. Un audit de la MIBA est nécessaire afin d'évaluer les pertes subies par elle du fait des actes du gouvernement liés à la guerre de libération et à la gestion politisée de cette entreprise d'économie mixte afin de projeter son redressement.
  • Pour avoir supporté la guerre, des financements de l'Etat devraient être disponibilisés pour appuyer les travaux de certification de nouveaux gisements et relancer les activités de production de la MIBA.
  • La gestion de la SACIM doit être transparente et le gouvernement devra contrôler tant la production que la commercialisation de diamant produit par cette entreprise afin de tirer profit au même titre que les partenaires chinois. Il faut donc organiser l'audit de la SACIM, le publier, et organiser le contrôle de ses différentes filières pour maîtriser sa production et la commercialisation de sa production.
  • Les droits humains doivent être aussi respectés par les investisseurs chinois dans le cadre de traitement des travailleurs et de leurs obligations sociales vis-à-vis des communautés locales. Faute de quoi, le gouvernement devrait appliquer les différentes sanctions prévues par le Code minier.
  • Le gouvernement doit mettre fin au phénomène suicidaire dans le polygone de la MIBA en appui à celle-ci. L'insécurité créée par ces bandits ne peut favoriser la reprise des activités de la MIBA, Il faut donc empêcher les incursions des clandestins dans les concessions légalement attribuées aux Entreprises, notamment les périmètres miniers de la MIBA;
  • Des responsabilités doivent être identifiées pour chaque acteur et dirigeant de la MIBA depuis le régime du Président Mobutu qui a contribué à l'effondrement de cette entreprise. Le gouvernement devrait instituer une commission pour établir les différentes responsabilités managériales et politiques qui ont poussé la MIBA à la cessation de ses grandes activités.

Auguy Mudiayi