Affaire Bukanga Lonzo : Matata a bafoué la loi sur la passation des marchés optant pour la procédure de gré-à-gré au lieu de faire un appel d'offres, accuse le Procureur

Augustin Matata Ponyo

Le procès sur le dossier Bukanga Lonzo a été ouvert ce lundi 25 octobre à la Cour constitutionnelle. La première audience n’a duré qu’une vingtaine de minutes. L’ancien Premier ministre Matata Ponyo et ses coaccusés dont Patrice Kitebi, ministre délégué auprès du ministre des finances au moment des faits. Grober Christo, présenté comme gérant de la société sud-africaine AFRICOM qui avait en charge la mise en place du parc agro industriel était également présent à l’audience. Mais cette dernière a été renvoyée au 8 novembre pour permettre à cet anglophone de de disposer d’un interprète.

Dans sa présentation des faits retenus contre Matata Ponyo, le procureur général près la Cour constitutionnelle a indiqué « qu’en créant ce parc dit pilote, Mr Matata a tout faussé dès le départ ». Le procureur général accuse Matata d’avoir « bafoué la loi en matière de passation des marchés optant pour la procédure de marché de gré-à-gré » au lieu de faire un appel d'offres et que les factures de la comptabilité « ne sont pas des copies originales mais des proforma ». 

« La plupart des dépenses ont été faites en procédure d’urgence. Les montants déboursés étaient envoyés en Afrique du Sud pour le compte de la société AFRICOM choisie sans le respect de la loi en la matière », a-t-il accusé, promettant de démonter les faits au cours du procès.

En novembre 2020, l'Inspection générale des Finances (IGF) de la RDC avait conclu dans un rapport que 205 millions de dollars sur 285 millions, décaissés par le Trésor public pour le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, avaient été détournés. 

L'ancien Premier ministre Matata était nommément mis en cause, comme "l'auteur intellectuel" du détournement.

Aujourd'hui sénateur, M. Matata Ponyo fut ministre des Finances de la RDC de 2010 à 2012 et Premier ministre de 2012 à 2016, sous le régime de l'ex-président Joseph Kabila (2001-2019).

En mai, les sénateurs congolais s'étaient prononcés contre des poursuites visant M. Matata dans cette affaire, évoquant l'immunité parlementaire de l'ancien Premier ministre. 

Mais, le 5 juillet, six membres du bureau du Sénat ont consenti à une demande du procureur près la Cour constitutionnelle de lever son immunité parlementaire de sénateur pour une autre affaire judiciaire.

Avant l'ouverture du procès, la défense de M. Matata avait promis de contester la compétence de la Cour constitutionnelle.

Sollicités lundi par l'AFP, les avocats n'ont pas souhaité commenter cette première audience, qui a été retransmise en direct par la télévision d'Etat. 

La Cour constitutionnelle est le juge pénal du président de la République et du Premier ministre pour les faits commis lorsqu'ils étaient en fonction. 

ACTUALITE.CD avec AFP