Kinshasa : des forages d’eau à la rescousse des habitants dans plusieurs quartiers

Forage d'eau à Salongo
Les habitants du quartier Salongo à Lemba (Kinshasa) dans un forage d'eau/Ph. ACTUALITE.CD

Alors que l’accès à l’eau potable de la Régie de distribution d’eau (REGIDESO) demeure un sérieux problème dans plusieurs quartiers de la ville de Kinshasa, la population se tourne de plus en plus vers des forages d'eau, qui se présentent aujourd’hui comme une vraie alternative, outre l’eau de la pluie. Les forages d'eau existent à Kinshasa depuis plusieurs années. Mais au départ, on ne pouvait les retrouver que dans des milieux dits reculés et dépourvus des installations de la REGIDESO. Aujourd’hui, leur présence s’est étendue sur plusieurs coins de la ville. Ce qui confirme la difficulté à l’accès à l’eau potable dans plusieurs coins de la capitale.

Au quartier Salongo dans la commune de Lemba, se sont des particuliers qui tentent d'aider la population dans la desserte en eau. Ils ont créé des forages d'eau. Les habitants les utilisent moyennant une somme d’argent correspondant à la quantité de l’eau puisée. « Depuis qu'on a des forages ici à Salongo, cela nous a permis de ne plus se réveiller à 3h ou  4h du matin pour aller chercher de l'eau.  Avec l'insécurité qui  règne à Kinshasa, nos vies étaient en danger. Mais depuis l'avènement des forages, je peux puiser de l'eau quand je veux et cela ne dépend que de mon argent  et surtout de ma force. Ici à la 7e rue centre, nous avons 4 forages et le prix est abordable. Pour un bidon de 25 litres, le prix est de 100 FC avec l'électricité et à 200FC si le forage fonctionne avec un groupe électrogène », a dit Christian Phanzu.

Pendant ce temps, renseigne-t-il, leur robinet à domicile demeure sec depuis le début de l’année en cours. « Depuis le début de l'année 2021, je n'ai pas vu la REGIDESO nous fournir de l'eau. Nos robinets sont devenus des échantillons et quand nous demandons aux agents de la REGIDESO pourquoi l'eau ne coule pas à Salongo, ils nous disent qu'il  n'y a pas assez de pression pour nous fournir de l'eau », a ajouté M. Phanzu. 

A
Au quartier Ngafani dans la commune de Selembao

Même situation dans la commune de Selembao. Au quartier Ngafani, les habitants ne cachent pas leur joie au sujet du service rendu par les forages d'eau. Rolly Lufundu, habitant du quartier, est témoin au quotidien de la situation. « Aujourd'hui à Ngafani, l'eau est devenue un diamant. Nos robinets ne servent plus à rien. C’est grâce aux forages que nous avons de l'eau bien que c'est payant. Mais on n’a pas le choix. Ici, un bidon de 25 litres coûte 200 FC  et celui de 5 litres, 100 FC. Un sceau est à 50 FC.  Nous sommes une famille nombreuse  et nous avons une grande maison. Chaque  jour, nous utilisons 15 bidons. Par mois, nous pouvons dépenser entre 80 000 FC à 100 000 FC rien que pour l'eau et sans compter le coût du carburant pour la voiture (qui transporte le bidon, ndlr). La REGIDESO nous a oubliés et nous survivons grâce aux forages et à l’eau de la pluie », a-t-il dit, avouant qu’il n’est pas facile non pour y avoir accès au regard d’un nombre impressionnant des personnes qui attendent le tour. Il y a parfois échange de coups et bousculade, fait savoir Lufundu.

Le prix à payer varie selon le milieu et la concurrence qui s’y observe

Serge, connu sous le nom de Kimbuta, a la gestion d’un forage à Ngafani dans la commune de Selembao. En l’absence d’une forte concurrence, il règne en maître dans le quartier. 

« J'ouvre le forage à partir de 6h et je ferme à 19h. Parfois les gens nous disent  200 FC c'est beaucoup (pour bidon de 25 L, ndlr) mais ils oublient que le forage fonctionne grâce au moteur et parfois ça peut tomber en panne. Dans d'autres quartiers comme Salongo ou Righini, le bidon de 25 L est à 100 FC parce qu'il y a beaucoup de forages d’où la concurrence. Mais ici, nous n'avons pas beaucoup de forages mais au contraire, il y a beaucoup gens (…). Nous avons aidé la population parce que la REGIDESO ne fait plus son travail », a confié M. Serge.

A
Un forage d'eau dans la commune de Mont-Ngafula

Un peu plus loin de là, la commune de Mont-Ngafula n’est pas épargnée par les caprices de la REGIDESO. Au quartier Mama Yemo sur l'avenue Mobutu, se trouve un point de forage d'eau et la bousculade est rendez-vous. Il faut se battre pour avoir l'eau. Betty Mbemba, habitante du quartier, est enceinte. Elle transporte un bidon sur sa tête. Elle ne cache pas ses sentiments : « Nous souffrons pour avoir de l'eau. Je dépense par jour 7000 FC pour 10 bidons. Je paye 200 FC par bidon de 25 litres et  500 FC pour la personne qui va transporter. Aujourd'hui, sans forage,  ce quartier serait un désert. La maison communale est juste à côté, et le bourgmestre ne dit rien. Nos  députés nous ont oubliés ».

Il est à noter qu’outre les communes de Lemba, Selembao ou encore Mont-Ngafula, cette situation est aussi présente dans beaucoup d’autres communes à l’instar de Makala, Bumbu ou encore Kimbanseke, etc.

Jeancy Mampuya, stagiaire UPN