RDC: La LICOCO dénonce la vente des parts de la SOKIMO dans Kibali Goldmines SA à une entreprise junior

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La cession de la totalité de parts de la Société minière de Kilo-Moto SA (Sokimo), contrôlée par l’État, dans Kibali Goldmines SA (soit 10%) au canadien AJN Resources Inc., continue à faire couler encre et salive. A part les deux autres actionnaires de Kibali, la société civile congolaise dénonce cette transaction.

« Nous avons été alertés sur le fait que Sokimo aurait signé un mémorandum d’entente avec une société allemande qu’on appelle AJN Resources Inc. Cette société est cotée à la bourse de Frankfurt. Ce mémorandum concerne la cession des parts de SOKIMO dans la société Kibali dans les projets Zani Kodo, Giro GoldField, Wanga, Nizi et Kibali Sud »,  a expliqué la Ligue congolaise de lutte contre la corruption (LICOCO) à travers une conférence de presse tenue par Ernest Mpararo à ce samedi à Kinshasa 

Kibali a connu une année exceptionnelle en 2019, dépassant les prévisions de 750 000 onces atteignant un chiffre record de 814 027 oz. Et la société civile ne comprend pas comment une « petite entreprise » comme AJN Resources Inc., arriverait à acquérir les parts de Sokimo.

« La Société AJN Resources Inc.  n’a apporté aucun fonds. Cela nous inquiète. Tous les patrimoines et les gisements de Sokimo sont cédés à AJM resources. Les experts qui nous avons consultés nous mettent en garde. Par exemple dans Kibali Sud, Sokimo a cédé 30% de ses parts là-bas à AJM. Les réserves certifiées dans Kibali Sud, à Mungwalu, c’est à peu près 1 500 000 onces d’or. Cela équivaut à plus de deux milliards USD », a ajouté Ernest Mpararo.

La LICOCO évoque un manque à gagner tant pour la SOKIMO que pour la population locale.

« Si vous regardez les parts de Sokimo dans Kibali, elle a 10%, Barick en 45 et Anglo Gold Ashanti 45. Les 10%, si vous regardez Kibali, aujourd’hui, cela équivaut à environ 75 milliards. Prenez les 10% de 75 milliards USD. Cela vous fait à peu près plus de 7 millards aujourd’hui. Donc Sokimo cède 7 milliards USD. Cet argent peut développer les villes de Durba, Watsa, etc. Ils cèdent à AJM pour permettre à cette société d’aller mobilisation 20 millions USD. On lui cède des parts et il va au marché international pour venir exploiter alors qu’il n’a pas d’argent », a t-il déclaré.

Vendredi, des organisations membres de la campagne "Le Congo n'est pas à vendre"  (CNPAV) avaient également tiré la sonnette d'alarme en dénonçant cette transaction jugée illégale. 

Le 20 février dernier, Barrick Gold Corporation, avait également dénoncé cet accord. Dans un communiqué, Mark Bristow, président et directeur exécutif de cette société minière, avait clairement signifié que SOKIMO est liée à Barrick et à AngloGold Ashanti, son partenaire de coentreprise, et de ce fait, ne peut pas vendre ou transférer ses actions dans Kibali Goldmines SA, propriétaire de la mine d’or de Kibali, sans leur approbation. Il avait ajouté que cette approbation n’a pas été demandée et ne sera pas accordée.

De son côté,  Klaus Eckhof, PDG et président d’AJN, est optimiste et compte sur les 75 ans d’expérience de son entreprise: «Avec les antécédents de notre direction en RDC, nous pensons que nous sommes sur le point de livrer un portefeuille de projets aurifères qui sous-tendent la création d'un nouvel acteur aurifère important dans ce pays. Nous pensons que non seulement les 6 projets aurifères présentent un excellent potentiel, mais ils ont également le potentiel de réduire la pauvreté dans la région grâce à la création d'emplois au sein de la communauté locale ».

La SOKIMO  et ses partenaires connaissent des rapports difficiles ces dernières années. L’opérateur public du secteur aurifère en RDC s’était par exemple, en 2018, opposée à la fusion entre le numéro un mondial de l’or, Barrick, et le deuxième producteur africain, Randgold Resources.