RDC : La Monusco et le gouvernement préparent les opérations contre les groupes armés dans l’Est de façon « à ne pas rater la riposte »

MONUSCO

La Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique Congo (Monusco) affirme qu’elle prépare, avec les autorités congolaises, les opérations de traque des groupes armés dans l’est de la RDC. Mais elle insiste que ces opérations « complexes » doivent être préparées de manière « à ne pas rater la riposte ».

« Les groupes armés se reconstituent depuis de 20 ans en RDC. Il faut travailler sur les causes profondes, on y travaille. L’action militaire en fait partie et nous nous préparons avec la RDC parce que nous sommes ici pour appuyer la RDC, c’est ça notre rôle. Ce sont des opérations complexes mais nous y travaillons et ce n’est pas la Monusco qui va aller finir une guerre. Nous avons maintenant cette possibilité de discuter ensemble, de travailler de façon holistique, de façon à ce qu’on ne rate pas la démarche de riposte », a déclaré ce jeudi 3 octobre 2019, Leila Zerrougui, représentante du secrétaire général de l’ONU en RDC au cours de la conférence hebdomadaire de la mission onusienne.  

La Mission va se plier aux « initiatives que prendra le gouvernement », a-t-elle précisé avant d'affirmer que le retard dans la mise en place du gouvernement a retardé les préparatifs. « Ça fait 9 mois qu’il y avait cette préparation d’avoir des autorités au niveau des ministères de la Défense et de l’Intérieur ».

Il existe actuellement plus de 130 groupes armés dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu (Est), qui s’affrontent pour d’innombrables raisons, selon un rapport du Groupe d’Etude sur le Congo et Human Rights Watch. Le document présente la région de Beni comme « épicentre » des violences, en raison de l’activisme des combattants ADF (ndlr, Forces Démocratiques alliées). Selon le document, 31% des meurtres de 1900 personnes tuées, entre juin 2017 et juin 2019, dans les deux provinces précitées, ont été perpétrés dans la région de Beni.

« Quand on parle de Beni, vous avez ADF, un groupe armé étranger et vous avez des groupes armés Maï-Maï, des tensions communautaires. Vous avez Ebola, vous avez des populations qui ont subi beaucoup de conflits. Je pense que c’est ce qu’il faut faire à l’Est, pas seulement Beni, parce qu’il y a aussi Djugu, Kitshanga, Masisi, Walikale (…) les groupes armés sont devenus plutôt de la criminalité, aucun groupe n’a un agenda politique dans ces zones », a expliqué Mme Zerrougui.

Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont annoncé, le 31 août, qu’elles vont lancer « bientôt » une nouvelle opération « d’envergure » contre les combattants d’Allied democratic forces (ADF), à Beni. Elles se disent prêtes à mener seules cette opération mais laissent à la Monusco la « latitude » de décider de se joindre à elles pour ce nouvel engagement « imminent ».

« Nous n’avons aucune objection à la Monusco et d’autres partenaires qui veulent nous aider à mettre un terme à cette nébuleuse ADF. Dès qu’ils sont prêts, nous sommes aussi prêts à les accueillir et à travailler ensemble. Nous n’avons pas d’exigence particulière », affirmait à ACTUALITE.CD le général Sylvain Ekenge, porte-parole adjoint de l’armée.

Les FARDC affirment avoir « tirer les leçons » des opérations précédentes et « conditionnent » les troupes afin d’affronter « définitivement » la rébellion ougandaise présente sur le sol congolais depuis 1995.

Fonseca Mansianga