Le mémorandum d’entente entre Kagame et Museveni n'aura de valeur pour la RDC que s’il contribue au retour de la paix dans l’Est

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Félix Tshisekedi va présider le 18 octobre 2018 à Kinshasa une réunion avec au moins 13 représentants de pays africains sur les cycles de conflit et de violence dans la région des Grands Lacs.

Cette réunion se tiendra dans le cadre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région signé 24 février 2013 par 11 pays de la région (Afrique du Sud, Angola, Burundi, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, République du Congo, Rwanda, Soudan du Sud, Tanzanie et Zambie).

ACTUALITE.CD a interrogé certains analystes et experts de la géopolitique et vous propose les clés pour comprendre ce processus.

La tripartite entre les Chefs d'Etat angolais, rwandais et congolais tenue le 31 mai 2019 à Kinshasa à l'initiative du Président Tshisekedi avait visé l'objectif de donner un nouvel élan aux efforts de restauration et la consolidation de la sécurité à l'Est de la RDC. Elle a rapidement été ouverte à deux autres acteurs.

Décryptage.                                

Pourquoi Sassou entre en danse ?

Pour atteindre ce résultat, il s'est avéré nécessaire d'intégrer dans ce cadre d'échanges l'Ouganda qui en avait exprimé l'intention. En effet, la réconciliation entre Kampala et Kigali passe pour un préalable à la redynamisation de la mobilisation régionale pour la sécurité dans l'Est de la RDC où opèrent des groupes armés étrangers, notamment des groupes armés que Kigali accuse Kampala de soutenir à son encontre. Ainsi la tripartite a évolué en quadripartite dont le sommet du 12 juillet 2019 a préconisé le dialogue entre Kampala et Kigali. Ce qui a abouti à la signature du Mémorandum d'entente entre Paul Kagame et Yoweri Museveni à Luanda.           

Pourquoi Sassou entre en danse ?

L'entrée en dense de Denis Sassou Ngueso relève de sa qualité de président de la CIRGL. Considération que l'objectif poursuivi par la tripartite devenue quadripartite vise la sécurité chez son voisin, qui constitue le centre d'attention de la CIRGL. Mais au sommet de Luanda, Denis Sassou y a siégé plus comme observateur que partie prenante à part entière.

Quel bénéfice pour la RDC ?

Le bénéfice pour la RDC consiste à l'atteinte de l'objectif de la paix promise par le Président Tshisekedi aux populations de l'Est. Pour ce faire, la diplomatie régionale relève de l'une des approches de sa stratégie. En plus, la signature du Mémorandum d'entente entre Kampala et Kigali offre une opportunité à Kinshasa à assurer, conjointement avec Luanda, le suivi de la mise en œuvre des engagements des présidents Paul Kagame et Yoweri Museveni qui avaient signé, le 25 mars 2019, un accord de coopération pour officialiser la normalisation des relations entre les deux pays, mais sur terrain, la tension était monté de plus belle au point que le Rwanda a fermé unilatéralement le stratégique poste frontalier de Gatuna entre le Rwanda et l'Ouganda.

En continuant à offrir avec l'Angola ses bons offices à l'Ouganda et au Rwanda, la RDC, longtemps victime du soutien de ces deux pays à des groupes armés, s'attribue un nouveau rôle dans la Région, lui permettant de surveiller, voire d'éprouver la bonne foi de ces deux voisins de l'Est.            

Que peut-on attendre du sommet d’octobre ?

Le sommet des Chefs d'Etat et de Gouvernement des pays signataires de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba prévu en octobre à Kinshasa est censé constituer l'ultime étape de ce processus diplomatique lancé en mai à Kinshasa et visant un ferme engagement des pays des principaux acteurs régionaux à la problématique de sécurité dans l'Est de la RDC. Reste si, le Rwanda et l'Ouganda soutiendront effectivement le Président Tshisekedi dans son combat pour la paix. Pareil pour L'Angola qui pourrait faire de l'initiative de Tshisekedi à la base de la tripartite devenue quadripartite une opportunité pour renforcer son leadership dans la région des Grands Lacs. Somme toute, chacun de ces pays tente de capitaliser l'initiative congolaise pour redorer leur image auprès des Congolais particulièrement.

Japhet Toko