Journée internationale de la liberté de la presse: en RDC, « il est particulièrement difficile de couvrir les grands dossiers de corruption et certains contrats miniers, entre autres »

Un poste radio
Un poste radio

À l'occasion de la journée internationale de la liberté de la presse célébrée le 3 mai de chaque année, Reporters Sans Frontières(RSF) a publié son classement mondial 2024 de 180 pays, où la RDC figure à la 123 place, avec un score global de 48,91.

Contrairement à l'année 2023 où elle occupait la 124ème place, la République Démocratique du Congo n'a avancé qu'un d'un pas. RSF note que certains journalistes au pays sont exposés à des mesures de représailles en raison de leur travail, notamment dans l'est. Ils épinglent également la couverture difficile de grands dossiers de corruption et de certains contrats miniers.

« Certains journalistes sont pris à partie sur la base de leur appartenance ethnique ou communautaire, et sont exposés à des mesures de représailles en raison de leur travail, notamment dans l’est du pays, où de nombreux groupes armés sont présents. La couverture du conflit au Nord-Kivu est devenue un tabou dans la presse, prise entre les violences des rebelles du M23 et les ripostes de l'armée républicaine de la RDC...L’autocensure est une pratique courante pour de nombreux journalistes. Il est particulièrement difficile de couvrir les grands dossiers de corruption et certains contrats miniers, entre autres », peut-on lire dans son rapport publié ce vendredi 03 mai 2024.

Sur le plan sécuritaire, cette organisation s'inquiète des menaces subies par les journalistes par une vague de pressions et de représailles depuis début 2023 malgré le cessez-le-feu au Nord-Kivu, d'autres victimes d'agressions et de menaces de la part d'acteurs politiques.

«Arrestations, agressions, menaces, disparitions forcées, exécutions, médias suspendus, pillés ou saccagés… La sécurité des journalistes est mise à rude épreuve en RDC. Les forces de sécurité sont impliquées dans nombre d’exactions et bénéficient d’une impunité totale. Les journalistes sont menacés par une vague de pressions et de représailles depuis début 2023 malgré le cessez-le-feu au Nord-Kivu. Certains médias sont sommés par le M23 de réajuster leur ligne éditoriale. La démobilisation des forces armées par voie de presse en temps de guerre est passible de la peine de mort. Durant les périodes électorales, les professionnels des médias sont victimes d’agressions et de menaces de la part d’acteurs politiques ou de leurs soutiens», indique-t-elle.

L'ONG Journalistes en Danger(JED) dénonce, quant à elle, ce qu'elle qualifie de «partialité» du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et de la Communication (CSAC), se référant à sa décision du 29 mars dernier, interdisant aux médias et Journalistes de traiter les informations sur les forces rebelles. Il rappelle également l'arrestation, six mois durant, du journaliste correspondant de Jeune Afrique et directeur de publication adjoint de Actualite.cd, Stanis Bujakera Tshiamala, mise en cause dans l'affaire sur le meurtre de l'ancien ministre de transport, Chérubin Okende.

Lors de la célébration de la 30ème édition de la journée internationale de la liberté en presse en RDC, Félix Tshisekedi, qui insistait sur la liberté de la presse « vitale pour la consolidation de la démocratie», avait exprimé sa solidarité aux journalistes qui payent « le prix de la barbarie de l'agression rwandaise», dans l'est du pays.

Samyr LUKOMBO