RDC-Rwanda : la France apporte son soutien au plan de neutralisation des FDLR annoncé par le gouvernement congolais

Les membres du Conseil de sécurité au QG de la MONUDSCO/Photo ACTUALITE.CD

À la suite de la réunion ministérielle entre les délégués congolais et rwandais tenue à Luanda autour du médiateur angolais représenté par son ministre des Affaires Étrangères, Antonio Tete, la République Démocratique du Congo s'est engagée à présenter un plan de neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) accompagné d'un plan d'actions qui sera présenté lors de la prochaine réunion ministérielle.

Si cette position avait été contestée dans l'opinion congolaise, la France a salué cette position de la RDC. Dans son intervention lors du briefing du Conseil de sécurité des Nations-Unies mercredi 27 mars sur la situation sécuritaire dans l'Est, le représentant d’Emmanuel Macron à l'ONU estime que cette position est une réponse concrète censée rétablir la confiance avec Kigali.

" La France salue la proposition congolaise d’un plan pour démobiliser et désarmer les FDLR, groupe issu des milices ayant commis le génocide contre les Tutsis. C’est une réponse concrète à la principale menace identifiée par le Rwanda lors de la réunion de ce Conseil le mois dernier, et de nature à rétablir la confiance entre les deux pays ", a indiqué Nicolas De Rivière, représentant permanent de la France aux Nations-Unies. 

Le pays d'Emmanuel Macron a, par la même occasion, condamné la reprise des offensives du M23, le soutien qu’apporte le Rwanda à ce groupe, ainsi que la présence de l’armée rwandaise sur le territoire congolais. Face à cette situation, la France ordonne au Rwanda d'y mettre fin sans tarder. 

" Le déploiement et l’utilisation en territoire congolais de systèmes anti-aériens marquent le franchissement d’un nouveau seuil. La France condamne les actions de l’ensemble de groupes armés dans l’Est du pays. La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC doivent être respectées. Cette escalade a des graves conséquences sur la situation humanitaire, elle engendre aussi de nombreuses violations des droits de l'homme ", a-t-il interpellé lors de son intervention. 

Et d'ajouter :

" Pour mettre un terme à cette escalade, le dialogue doit reprendre de toute urgence. La France soutient les efforts régionaux, notamment ceux de l’Angola. Elle salue la réunion des ministres des affaires étrangères congolais et rwandais le 21 mars à Luanda. Elle encourage les parties au dialogue, sur la base des engagements de la feuille de route de Luanda et du processus de Nairobi ". 

Au cours d'un briefing presse tenu lundi 25 mars, le ministre de la communication et médias, Patrick Muyaya, avait demandé à son collègue des Affaires Étrangères et Francophonie, Christophe Lutundula, de fixer l'opinion sur la circulation sur la toile des documents des discussions avec le Rwanda tenues à Luanda. Christophe Lutundula qui avait désapprouvé l'attitude de la partie rwandaise qui, d'après lui, a publié unilatéralement un extrait du document qu'il qualifie de confidentiel des pourparlers de Luanda contenant uniquement les obligations de la partie congolaise.

D’après le chef de la diplomatie congolaise, les Rwandais ont publié cette partie du texte pour se faire bonne conscience. “Il faut prendre le temps de lire l’ensemble du rapport pour vous faire la religion afin de ne pas tomber dans la manipulation”, a prévenu Lutundula :“Je ne tomberai pas dans le piège de ceux qui n’ont pas la dignité de leurs fonctions”, a-t-il désapprouvé dans son intervention. Pour Kinshasa, l’alibi FDLR doit être vidé de toute substance.

À l'en croire, le Rwanda a toujours justifié sa présence en RDC pour prétendre neutraliser les FDLR. Mais alors, s'est-il interrogé, quel intérêt avons-nous de protéger les FDLR imaginaires d’autant plus que nous avons toujours demandé à tous les États de nous informer sur leur présence chez nous. Que les Rwandais nous disent de quels FDLR s’agit-il et où se trouveraient-ils ? et qu’on pense aussitôt s’ils existent réellement à leur rapatriement. Par le passé, a-t-il rappelé, l’opération du genre a été menée, mais cela n’a toujours pas enchanté Paul Kagame.

Clément MUAMBA